Né en 1972 à Shahryar en Iran, Ahmad Bahrami est titulaire d’une licence en réalisation de cinéma. Après une série de courts-métrages, il réalise des longs-métrages :
Panah 2017
The Wastetown (Share Khamoush)2022 & The Wasteland
Prix Orizzonti au Festival de Venise 2021
Prix du jury international Festival nouvelles images Persanes vitré 2021
Prix de l’education artistique et culturelle Festival nouvelle images Persanes vitré 2021
Le réalisateur Ahmad Bahrami se confie sur la genèse de son projet pharaonique :
Ma première idée était de faire un film sur la vie des ouvriers. J’habitais dans un quartier où tous les matin je voyais les ouvriers journaliers attendre sur une place à l’affût de travail. J’avais un scénario en tête sur la vie d’un ouvrier qui ne trouve pas de travail. Un jour, j’ai lu un titre dans un journal iranien qui m’a tout de suite attiré : «Les ouvriers des fours à briques ne vieillissent jamais». C’etait un article très complet sur les problèmes de ces ouvriers qui sont saisonniers et qui ne peuvent jamais avoir leur retraite complète car en tant qu’ouvriers saisonnière, ils doivent travailler au moins 70ans pour avoir une retraite.
D’un autre côté, j’avais l’image de ces fours dans ma tête, car quand j’etais gamin, un membre de ma famille y travaillait. J’ai eu l’occasion d’aller sur son lieu de tràvail et voir comment on bosse dans ces fours. C’est tout ça qui m’a amené à vouloir faire un film sur des ouvriers des fours à briques.
The Wastetown propose un format inédit du noir et blanc, Une démonstrations de plans séquence sublimes, de travelling, un cadre de 4/3 et très peu dialogues, et avec comme musique un bruit de métal qui claque comme un avertissement qui nous tiens en haleine du début jusqu’à la fin.
Le cinéaste construit un cercle d’histoire qui se répète, dans la forme et le contenu, pour donner une image, on peut dire un cercle. Je ne suis pas le 1er à faire cela, le réalisateur Hongrois Bélanger Tar en est le maître. Il fallait que chaque dialogue, chaque mise en scène revienne à son point de départ.
Les personnages du film sont comme des fantômes vivant dans un no man’s lan délabré où le temps s’est définitivement arrêté, ouvrant le passage sur un quotidien cruellement vide de tout intérêt, il est également le fil rouge de l’histoire qui reflète à la perfection la cruauté de l’histoire.
Le cinéma iranien est un moyen intelligent de transmettre les difficultés des femmes iraniennes a affirmé leurs revendications, il est également le reflet d’une richesse culturelle inouïe qui résiste à la répression d’un régime sanguinaire.
«The Wastetown affirme cette volonté politique de montrer la place inexistante des femmes dans une société gangrenée par la peur de les voir vivre libre »
Le personnage de Bermani est interprété par la grande et talentueuse Baran Kosari, qui d’ailleurs est dans le collimateur du régime suite à son soutien à la révolution iranienne. Nous savons très peu de choses sur son passé se limitant à sa sortie de prison, après 10ans de d’enfermement pour le meurtre de son mari.
Elle revient chercher son fils, donné à une famille fortunée en mal d’enfant, alors à tour de rôle elle règle ses comptes et plonge le spectateur dans un thriller psychologique effrayant, sa froideur glaciale apporte crédibilité et ne manque pas de profondeur. Elle arrive avec une facilité déconcertante à nous plonger dans la douleur d’une mère qui refuse la fatalité de perdre et affronte les hommes qui font barrage à ses recherches.
Le cinéaste nous plonge dans une atmosphère froide, étrange, dans laquelle nous engouffrons volontiers, le soin accordé au son est impressionnant et accentue notre immersion, allant jusqu’au symbolisme du film.
Un chef-d’œuvre du cinéma iranien que vous devez découvrir au cinéma dès le 2 août 2023
Informations Pratiques :
Titre : The Waestotown
De : Ahmad Bahrami
Avec : Baran Kosari, Ali Bagheri
Genre : Thriller
Durée : 1h38
Distributeur : Bodega Films
Date de sortie au cinéma : 2 août 2023
Mitra Etemad