À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incomprehension va naître une histoire d’amour… et de manipulation.
Le grand cinéaste iranien Mani Haghighi se confie
L’idée du film est venue par accident. Comme souvent d’ailleurs . Mon cosenariste, Amir Reza Koohestani, qui est également metteur en scène de théâtre, travaillait sur la traduction d’une pièce horrifique intitulée Le Nombre. Une pièce où un père dont l’enfant vient de mourir décide de le cloner. Mais il découvre que son fils a été dupliqué plus d’une centaine de fois. J’ai commencé à me dire que cette pièce ferait un bon sujet de scénario. La dimension politique du sujet m’intéressait particulièrement puisqu’il y est question de biologie, d’ethique et de questions existentielles sur ce qui façonnent notre identité. Qu’est-ce que cela fait d’avoir un clone ? Comment pourrait-on vivre avec cela ?
Écrire le film fut un long processus, près de neuf ans ont été nécessaires. La plus grande difficulté était de préserver l’equilibre entre tous ces éléments. Je ne voulais pas faire un film expérimental comme mes précédent. Je souhaitais, au contraire, faire à la fois un film fantastique, social, et un thriller psychologique. Sans sacrifier pour autant le côté philosophique et abstrait du propos.
Les Ombres Persanes, une nouvelle facette du cinéma iranien, inattendu, déstabilisant, un mélange de thriller psychologique et horreur, le cinéaste iranien Mani Haghighi surprend par son audace de detourner les codes du cinéma iranien pour un résultat très réussi. Entre fantasme futuriste de clonage et l’incompréhension, un couple se détruit lentement face à une vérité sans aucune sens. La différence sociale creuse lentement une fossé, comme c’est le cas très souvent dans la société iranienne. La richesse signe extérieur de réussite exige une soumission absolue des moins aisés, au point même ou des parfaits inconnus obtiennent un statut privilégié uniquement du à leurs fortunes.
Le réalisateur dévoile une société malade, écrasée sous le poids des pseudos traditions poussiéreuses ne laissant aucune chance au plus faibles, automatiquement considérés comme des serviteurs à qui on accordent des miettes d’un bonheur quasi inexistant les poches vides.
Le désire d’enfant de l’un, le manque d’intérêt de l’autre, le petit garçon qui assiste à une étrange manège de 4 adultes perdus dans l’aspirale destructeur d’une rencontre, contribue à rendre le scénario l’identité qu’il mérite, lié au statut de la femme en Iran.
Les Ombres Persanes est également un énièmes démonstration de l’excellence de ses protagonistes, Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh et Esmail Poor-Reza, qui une fois de plus emportent le spectateur au sommet des émotions, sans fausses notes, deux personnages qui endossent le rôle de 4, exigent une grande maîtrise et une bonne dose de confiance dans ses partenaires.
Le rythme et l’equilbre du film dévoile la singularité du cinéma de Mani Haghighi, et toute sa singularité délicate, sans oublier l’aspect énigmatique du scénario pour nous offrir un long-métrage extraordinaire.
Informations Pratiques :
Titre : Les Ombres Persanes
De : Mani Haghighi
Avec : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammedzadeh, Esmail PoorReza
Genre : Drame
Durée : 1h47
Distributeur : Diaphana Distribution
Date de sortie au cinéma : 19 juillet 2023
Mitra Etemad