La vie d’Olfa, tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et se ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion,de violence, de transmission et de sonorité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.
La réalisatrice Kaouther Ben Hania se confie :
Après La Belle et la Meute et L’Homme qui a vendu sa peau, elle retourne au format documentaire qui l’a fait connaître :
Ce projet est beaucoup plus ancien, il a débuté en 2016 alors que j’etais en train d’achever Zaineb n’aime pas la neige, un documentaire qui a occupé six ans de ma vie, où j’ai filmé la vie d’une adolescente. À la radio, j’ai entendu Olfa parler de l’histoire tragique de ses filles. J’ai été interpellée, boulversée par son récit. Là aussitôt, il s’agissait de l’histoire d’une mère et ses quatre filles adolescentes.Olfa m’a immédiatement fascinée, j’ai donc appelé le journaliste et il’ ma donné son numéro de téléphone pour que nous nous rencontrions, Tout a commencé comme ça.
Les Filles d’Olfa…l’un des plus beaux films de l’année 2023, ses visages magnifiques et si expressifs dégagent tant de forces et de présences face à la caméra de Kaouther, qu’on en tombe amoureux instantanément, l’alchimie des âmes qui se crée entre le spectateur et les protagonistes relève de la magie ou plutôt de l’amour d’une cinéaste d’exception qui filme l’humanité comme personne.
Entre tristesse et mélancolie, elles se dévoilent avec dignité, sans haine ni un besoin de vengeance, ses femmes merveilleuses nous ouvrent leurs cœurs emplis de questions restées sans réponse, nous devenons des témoins du combat d’une mère à qui la vie a dérobé ses filles, une rupture d’une violence inouïe sans aucune explication, des destins brisés à jamais sans qu’elle puisse les retenir, là où une marche arrière relève du miracle.
La caméra filme l’émotion au plus près des personnages, l’impact émotionnelle sur le public est colossal, si la souffrance se lit dans les yeux le génie de la cinéaste rend cet instant de douleur magnifiquement fascinante.
Sophie TAGEL