C’est l’une des œuvres les plus connus d’Auguste Rodin (1840-1917) : l’âge mûr explore comment l’artiste perçoit la mort et la vieillesse.
Nul doute que Rodin, à la fin de sa vie, appréhendait la mort. Ce passage mystérieux vers un ailleurs inconnu peu effrayé. Il l’ a bien représenté dans une de ses œuvres majeur créé en 1899, L’âge mûr.
La mort nous effraie tous mais en général ce qui nous inquiète c’est la façon de mourir : d’une maladie, d’un accident, d’un meurtre… Cependant la vision de Rodin est bien plus sombre puisqu’il s’imagine kidnappé par un être immonde bien éloigné de l’ange et de la douce lumière accueillante. L’artiste apparaît très tourmenté. La mort reste un mystère insondable et une triste fatalité car Rodin pense à la tragique séparation avec l’être cher que même le lien de l’amour ne peut annuler.
La sculpture de Rodin est déchirante puisqu’elle évoque la fin d’un amour. Il nous montre le tragique de la différence d’âge entre deux personnes qui s’aiment, il souligne que l’autre nous échappe et que même nos bras ne peuvent le retenir. La mort est plus attirante et ses paroles plus séduisantes. Il suffit de voir comment l’ange de la mort détourne le vieil homme de sa jeune amante, désespérée, juste en discutant avec lui.
Quel âge avait l’artiste lorsqu’il a façonné cette sculpture ? Rodin avait 59 ans et sa fin de vie devait le tourmenter. Il n’accueillait pas d’un bon œil cet être qui lui enlèverait tout inexorablement. Ce n’est pas la vision d’un homme satisfait de sa vie, prêt à laisser sa place pour découvrir un ailleurs plein de promesses et de joie mais celle d’un homme qui voulait absolument poursuivre sa vie mais qui ne pouvait plus se battre contre le destin.
L’œuvre reflète la peur que l’artiste avait de la mort, point de vue que beaucoup partagent quand on n’est pas en paix avec soi même.
Sophie TAGEL