Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…
« À la fois odyssée et voyage intime, j’ai voulu faire d’une vie qui déraille une épopée sombre et comique »
Ari Aster
Beau Wasserman n’a pas pu grandir mentalement, pour des raisons que nous découvrirons au fur et à mesure. Il y a beaucoup de choses en lui qu’il ne comprend pas, qu’il n’a pas pu résoudre, parce qu’il n’a pas trouvé sa place dans le monde.
Il est paralysé par l’anxiété, enfermé sur lui-même dans une sorte d’adolescence permanente. Il est incapable d’introspection. Il ne sait pas comment se projeter dans l’avenir. C’est sa mère Mona et la nature de leurs rapports, qui constituent le mystère central du film. Elle est à l’origine de sa plus grande angoisse : la peur de la décevoir.
Car si Mona donne à son fils un amour immense, à déplacer des montagnes, elle veut garder le contrôle sur sa vie, et attend de lui le même type d’amour. Il ne sait pas comment rendre à sa mère autant d’amour qu’il en reçoit, ce que Mona vit très mal.
Ari Aster a eu l’idée de ce film avant même de réaliser ses deux premiers long-métrage. A une époque où il travaillait sur ses courts, et cherchait des idées pour un premier film, il a dû quitter en 24h l’endroit où il habitait. C’est ce qui a inspiré ce portrait d’un homme rongé par l’angoisse et ayant peur de tout, s’apprêtant à rejoindre sa mère et n’y parvenant pas.
Beau Is Afraid… Ari Aster est de retour et il n’est pas venu les mains vides, et n’a pas l’attention de nous épargner le choc de son franc-parler qui le caractérise si bien.
2019 le cinéaste de génie propulse la bombe « Midsommar » dans les salles françaises et plonge son public dans un état de transe hypnotique indestructible, le maître de la manipulation psychologique, n’a rien perdu de son génie et manie toujours aussi habillement l’horreur et la paranoïa en toute liberté.
L’inconfort voulu de sa mise en scène, et l’écriture saignante visant les rapports conflictuels d’une mère et son fils, poussé à son paroxysme du supportable, oblige le spectateur (malgré lui) à se soumettre à sa volonté sans aucun issu possible. Cette ambiance irrespirable portée par l’immense Joaquin Phoenix persiste durant les 3 heures de projection.
L’essence même du film se trouve dans la folie d’un cinéaste immensément talentueux qui refuse le confort rassurant des films sans risques, et se détache par sa folie cinématographique hors norme faisant de chacun de ses films, un monument historique du 7ème art.
Le prodige Midsommar nous présente toute la complexité que compose les liens familiaux, jouissant d’une puissance époustouflante, un traitement d’image à son apogée pour une immersion dans l’intimité effrayante de Beau (Joaquin Phœnix) qui une fois de plus offre une performance d’une intensité folle et maîtrisée.
Beau Is Afraid nouvelle prouesse de l’un des plus grands cinéastes de notre époque, aussi grandiose que inclassable, il propose plusieurs genres à la fois, nous poussant sans cesse à dépasser nos préjugés, un pari risqué parfaitement déjoué par Ari Aster.
Informations Pratiques :
Titre : Beau Is Afraid
De : Ari Aster
Avec : Joaquin Phœnix, Nathan Lane et Amy Ryan
Genre : Comédie, Aventure, Drame
Durée : 2h59
Distributeur : ARP Sélection
Date de sortie au cinéma : 26 avril 2023
Mitra Etemad