Depuis 2014, En France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer entre eux dans des dispositifs sécurisés.
N’assimile (Dali Bensalah), auteur de homejacking,comme Chloé (Adèle Exarchopoulos), victime de viols incestueux, s’engagent l’un et l’autre dans une mesure de Justice Restaurative. Autour d’eux : d’autres victimes, d’autres auteurs et des encadrants composés de professionnels et de bénévoles.
Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des dechirments, des prises de consciences et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…
Entretien avec Jeanne Herry, la merveilleuse réalisatrice de ce qu’on peut qualifier de l’un des plus beaux films de l’année 2023 :
Après PUPILE, je cherchais un nouveau projet et j’ai entamé des recherches sur deux sujets qui m’intéressaient : le fonctionnement du cerveau et le milieu de la justice. J’ai toujours été passionnée par les faits divers, les procès, les grandes figures du banditisme, les ténors du barreau… Un jour, je suis tombée par hasard sur un podcast autour de la Justice Restaurative. Ça m’a intriguée, puis captivée : ce qui m’intéressait dans ce processus était précisément ce qui motivait mes recherches sur le cerveau : la réparation.
Une fois de plus la réalisatrice française aborde le sujet fort et complexe de la réparation psychologique post traumatique, après la douceur de Pupille, elle nous invite à prendre place autour d’une table ronde où la liberté et l’enfermement s’affrontent à travers des mots forts, les yeux dans les yeux loin des salles dès tribunaux, La camara de Jeanne Herry devient le témoin d’un long chemin de renouveau, qui ne peut se faire sans un retour en arrière…
La parole remplace les coups, la violence laisse la place à la compréhension, la haine et la peur change de camp, le TEXTE extraordinaire de Jeanne Herry qui glace autant le spectateur que les agresseurs est clairement la force de son film, la justesse d’une écriture magistrale et une mise en scène digne d’un horloger suisse, font de cette œuvre la rencontre fascinante du bien et le mal, dans une volonté de dépeindre de façon pédagogique d’une certaines réalités destructrice, qui sans l’intervention d’une tierce personne ne peut être réparé.
Le casting cinq étoiles composé d’Adèle Exarchopoulos, Leïla Bekhti, Élodie Bouchez et Dali Benssalah nous assure la garantie d’un excellent moment riche en émotions profondément bouleversant.
Plus particulièrement la performance d’Adele Exarchopoulos, qui est au sommet de son immense talent, totalement imprégnée de son personnage, elle crève l’ecran par son regard poignant de justesse, ses silences littéralement transcendant, sa force et son courage sont à la hauteur de son génie artistique.
Mitra Etemad