Déjeuner de Noël. La famille est attablée autour d’Albert, atteint d’un cancer du pancréas. Un déjeuner presque comme les autres. Plus cheap, peut-être. Sauf que…Sauf qu’Albert se lève, pour son discours qu’il conclut pas « J’ai pris la décision de ne pas mourir ».
La phrase fait son petit effet… c’est que la famille s’était habituée à la dégradation de l’état d’Albert…et était même prête à le voir partir. Voilà qui contrarie bien des choses.
Et le cours du roman montrera qu’Albert a l’air de prendre cette décision très à la lettre.
Voilà le début de Têtes d’enterrement, le premier roman de Gauthier de Fauconval. On le connait bien, Gauthier. Mais comme comédien. On l’a applaudi au théâtre, on l’a vu au cinéma. Il a participé à de nombreuses séries (Un village français, et très récemment Les Amateurs, sur Prime Video). Et Gauthier, c’est aussi une voix : la voix française de Felix dans Orphan Black ou de Fergus dans Outlander, parmi de très nombreux exemples.
Ce premier opus littéraire est une réussite. A travers une question sociétale maintes fois débattue – la place des aînés dans notre société, dans nos vies -, le roman nous embarque dans une série de situations parfois loufoques, parfois surréalistes. Le rythme est rapide, poétique aussi. On navigue entre plusieurs genres. On ignore si Gauthier a puisé son inspiration dans sa belgitude, ou dans des affinités plus anglo-saxonnes. Par la drôlerie, le cynisme et la tendresse du traitement d’un sujet sérieux, on pense à quelques nouvelles d’Hubert Selby Jr.
Un très bon moment
Gauthier de Fauconval, Têtes d’enterrement, le Lionz’ailé de Waterloo