La nouvelle année a été accompagnée de nouvelles sorties littéraires avec plus de 500 romans parus entre janvier et février 2022. Avec toutes ces œuvres, on ne sait plus où donner de la tête.
Karine Tuil, Michel Houellebecq et Adèle Rosenfeld, voici les 3 auteurs français que nous avons choisi de suivre. Si Adèle en est à son premier roman, Karine et Michel en sont à leur énième ; mais ce sont tous de très bons auteurs.
male hand holding the pages of the old bookMichel Houellebecq : « Anéantir » – éd. Flammarion
Dans l’univers de la littérature française, Michel Houellebecq n’est plus à présenter. Né sur l’île de la Réunion en 1956, l’homme de 66 ans est à la fois connu pour ses romans, essais et poèmes ainsi qu’en tant qu’acteur et cinéaste. Pour son premier livre, Michel a choisi de faire un essai biographique sur l’écrivain H.P. Lovecraft avant de publier son premier roman « Quoi qu’il en soit » en 1994 suivi de « Les particules élémentaires » en 1998 qui lui apporte tant une renommée internationale que des controverses. Houellebecq a également publié plusieurs recueils de poésie, dont « L’art de la lutte » en 1996.
En 2001, il sort « Plateforme », qui est à la fois acclamé et vivement critiqué, notamment pour l’apparente tolérance du roman envers l’islamophobie et le tourisme sexuel. Il a par ailleurs été traduit en justice pour incitation à la haine raciale avant d’être innocenté de toutes les charges. En 2010, il remporte le prestigieux Prix Goncourt pour « La carte et le territoire » qui sera traduit en plus de 40 langues. 14 ans après la sortie de son roman polémique « Plateforme », Michel Houellebecq fait de nouveau l’objet de vives critiques pour « Soumission » paru en 2015 et qui met en scène une France islamisée après une victoire politique de l’islam dans l’Hexagone en 2022. 4 ans plus tard, il sort « Sérotonine » racontant l’histoire d’un homme de quarante ans ingénieur agronome et dépressif qui choisi de disparaître pour échapper à une relation amoureuse toxique en plus d’un travail au ministère de l’Agriculture – l’auteur lui-même y a également exercé et certains pensent que cet ouvrage relate en quelque sorte une partie de sa vie.
Michel Houellebecq retrouve la rentrée littéraire 2022 après trois ans d’absence avec « Anéantir ». l’auteur-essayiste y dépeint les maux de la société française actuelle en abordant différents sujets, tels que la politique, la foi, le terrorisme informatique ainsi que l’amour. Pour cette œuvre, il nous plonge en 2027 en pleine campagne présidentielle – décidément, il aime faire des spéculations sur les futurs présidents de la République.
Karine Tuil : « La décision » – éd. Gallimard
Parisienne de naissance, Karine Tuil est une romancière connue qui avant de se consacrer pleinement à l’écriture a entrepris une carrière de juriste après avoir obtenu son DEA de droit de la communication et des sciences de l’information à l’Université Paris II-Assas. En 1998, elle termine son premier roman intitulé « Pour le pire » relatant la lente décomposition d’un couple qu’elle a utilisé pour participer au concours sur manuscrit organisé par la fondation Simone et Cino Del Duca lors duquel Jean-Marie Rouart, directeur du Figaro littéraire, s’en éprend et quelques mois plus tard, celui-ci est accepté par les éditions Plon. Finalement, Karine Tuil se dévoile au grand public en 2000 dans la collection « Jeunes auteurs » et est plébiscitée par de nombreux libraires.
Proactive, elle sort son deuxième roman un an plus tard intitulé « Interdit » qui connaît un très grand succès auprès du public et des critiques et a été sélectionné pour plusieurs prix, dont le prix Goncourt. Celui-ci obtient le prix Wizo et a été traduit en plusieurs langues. Dans « Interdit », Tuil fait le récit burlesque de la crise identitaire d’un vieux juif. S’en suivent d’autres romans, comme « Du sexe au féminin » en 2002, une comédie acerbe sur les relations entre une mère et sa fille. En 2003, la romancière publie « Tout sur mon frère » aux éditions Grasset dans lequel elle parcourt les effets pervers de l’autofiction. Son livre est nommé pour les Prix des libraires et finaliste du prix France télévision. Deux ans plus tard, elle narre les déboires d’un comique français à New York, en hommage aux grands humoristes, dans « Quand j’étais drôle » qui obtient le prix TPS Star du meilleur roman adaptable au cinéma.
Avant que Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac en mai 2007, Karine Tuil signe « Douce France », un roman qui a laissé sans voix de nombreux lecteurs ne reconnaissant presque plus la plume de la romancière tant le burlesque a disparu pour laisser place à la gravité. Dans cet ouvrage, elle dénonce le fonctionnement des centres de rétention administrative et aujourd’hui, son livre est en cours d’adaptation au cinéma. En septembre 2008, après avoir écrit des nouvelles pour l’Express, Le Monde 2 et l’Unicef tout en ayant collaboré avec de nombreux magazines comme L’Officiel, Livres Hebdo et Transfuge, la romancière dévoile « La domination » qui a reçu la Bourse Stendhal du ministère des Affaires étrangères et a été sélectionné au prix Goncourt ainsi qu’au prix de Flore, et a fait l’objet d’une édition de poche en août 2010.
À la rentrée littéraire 2010, Karine Tuil retrouve ses lecteurs avec « Six mois, six jours » et une nouvelle fois, son œuvre est sélectionnée pour le prix Goncourt, mais aussi le Goncourt des lycéens ainsi que l’Interallié et qui a reçu le prix littéraire du roman news organisé par le magazine Styletto et le Drugstore Publicis. En 2013, elle dévoile « L’invention de nos vies » qui a figuré parmi les 4 finalistes du prix Goncourt, et traduit en Chine, en Italie, en Allemagne, en Grèce et en Hollande après un succès international suite à la publication au Royaume-Uni et aux États-Unis sous le titre « The Age of Reinvention ». Ce neuvième ouvrage est par ailleurs en cours d’adaptation pour le cinéma. En septembre 2016, elle sort son dixième roman « L’insouciance » aux éditions Gallimard et trois ans plus tard signe « Les choses humaines », couronné du succès avec le prix Interallié 2019, le Goncourt des lycées 2019 et une adaptation au cinéma par Yvan Attal, dont la sortie en salle s’est faite en décembre 2021 avec à l’affiche Suzanne Jouannet, Ben Attal, Mathieu Kassovitz ou encore Charlotte Gainsbourg et Judith Chemla.
Pour la rentrée littéraire 2022, elle retrouve les éditions Gallimard avec « La décision » – un roman édifiant de fiction déconcertante de réalité dans lequel la romancière aborde la lutte contre le terrorisme.
Adèle Rosenfeld : « Les méduses n’ont pas d’oreilles » – éditions Grasset
La rentrée littéraire 2022 signe également des premiers romans, dont celui d’Adèle Rosenfeld. Intitulé « Les méduses n’ont pas d’oreilles » par les éditions Gallimard, cet ouvrage relate le quotidien de Louise, une jeune femme malentendante, dont les symptômes vont de mal en pis. Dans son roman, l’auteure de 35 ans, qui est également correctrice dans l’édition, raconte sa propre expérience. Handicapée auditive depuis la naissance avec une oreille gauche dysfonctionnelle et une oreille droite fonctionnelle grâce à un appareil auditif qu’elle porte depuis ses 5 ans, Adèle s’exprime ouvertement sur son quotidien à travers le personnage de Louise qui débute sa vie professionnelle.
En avril 2022, les Académiciens Goncourt ont fini de délibérer et ont annoncé les finalistes des Goncourts de printemps. Pour Adèle Rosenfeld, c’est déjà une grande victoire et une reconnaissance dans l’univers littéraire français, même si elle ne remporte pas un prix. C’est pour le prix du Goncourt du Premier Roman que son roman « Les méduses n’ont pas d’oreille » est finaliste – la proclamation des résultats se fera le 10 mai 2022.
La Rédaction