De la France à la Chine, de l’Italie à l’Inde, la tradition des œufs de Pâques ne se limite pas au monde et la culture occidentale et chrétienne, loin s’en faut. Il faut dire que cette tradition date d’au moins 5000 ans et c’est la raison pour laquelle elle se décline avec autant de diversité de par le vaste globe. Au cours de cet article, nous allons prendre le temps de nous arrêter sur les origines de cette coutume, et nous reviendrons plus en détail sur les différentes versions qui existent ici et là, puisque contrairement à ce que l’on pourrait croire, les œufs de Pâques ne sont pas forcément pondu par le même animal sur toute la surface du globe.
Lorsque l’on évoque les origines de cette tradition qui s’est imposée un peu partout, il faut bien comprendre qu’à l’origine, l’aspect symbolique de l’œuf est central. Ce dernier représente en effet la naissance, ou plutôt l’éclosion d’une vie renouvelée, il est, en essence, un puissant représentant de la fertilité et de la succession des cycles de vie, un peu comme le passage de témoin entre nos générations.
Le moment où la fête est célébrée n’est donc pas du tout liée au hasard dans le calendrier, puisqu’elle se situe juste à l’aube du Printemps, qui voit la nature renaître et la vie exploser et foisonner à nouveau un peu partout, après la saison blanche. D’une certaine manière, on peut donc en conclure que Pâques, au crible de ses œufs, est une fête en l’honneur de la renaissance de la vie, et de l’avènement d’un nouveau cycle de vie.
Il faut savoir, qu’il y a plus de 5000 ans, dans le monde et la culture Perse, il était déjà très commun d’offrir des œufs (de simples œufs de poules) en cadeau, et cela était fait dans l’optique de célébrer l’arrivée du Printemps, comme nous l’expliquions un peu plus tôt dans ce contenu.
Les égyptiens eux-mêmes, d’après certains papyrus retrouvés et décryptés avaient pour coutume de peindre et d’offrir des œufs pour symboliser le retour de la vie, et les gaulois eux-mêmes, les fameux druides notamment, peignaient ces même œufs en rouge en l’honneur du Soleil, père de toute vie sur Terre… Fort de ce passé déjà très riche, l’église chrétienne a donc fait sienne cette tradition en l’agrémentant de quelques spécificités pour mieux se l’approprier, mais on peut considérer qu’elle n’est qu’un héritage d’une coutume bien plus ancienne et plus profondément ancrée dans la mémoire collective de nombreuses peuplades et culture, un peu partout sur la planète.
Les racines de cette tradition remontent donc très loin dans le temps, et ce n’est qu’à partir du 13ème siècle que l’on retrouve les premières traces d’une sorte de modernisation de la coutume, avec l’apparition des premiers œufs joliment décorés, un peu à la manière moderne (bien que l’on ne parle pas encore de confiseries ou de chocolat…). A cette époque, encore une fois, c’est pour fêter le terme des privations en lien avec l’hiver que l’on s’échangeait ces œufs peints et colorés, au moment du Carême.
Comme nous le disions un peu plus tôt, la tradition chrétienne va quelque peu phagocyter cet usage, et l’on pourrait alors se demander ce qu’il en est dans les régions du monde ou le catholicisme ne s’est pas imposé comme la culture et la religion dominante… Et bien sachez qu’en Chine par exemple, la décoration des œufs est devenu un art à part entière, et d’ailleurs, ces mêmes œufs sont souvent en bois, voire en jade pour les plus beaux, et on raconte là-bas que ce sont des œufs, non pas de gallinacés, mais bel et bien de dragons ; il n’y a que le symbole de fertilité qui est resté le même par rapport à l’occident, mais en soi, cela représente l’essentiel du sens dont la coutume se veut être colporteuse, n’est-il pas ?
Par ailleurs, il faut bien comprendre aussi que l’interdiction de manger des œufs 40 jours avant le Carême n’empêche pas les poules de pondre au cours de cette même période, si bien qu’une fois les 40 jours écoulés, il faut bien écouler ce stock d’œufs considérable… Les omelettes et autres recettes à base d’œufs étaient donc très largement plébiscitées à cette même période, puisqu’il n’était certainement pas question de gaspiller une denrée aussi prisée.
Pour revenir sur cette idée selon laquelle ce n’est pas une poule mais un autre animal qui pond les œufs, sachez qu’elle a la dent dure (et pas seulement le bec donc…) et qu’elle se décline en de très nombreuses versions en fonction de la région du monde que l’on considère. Si l’on considère l’Allemagne par exemple (dans la grande majorité de ses Länders en tout cas…), la Suisse ou encore l’Alsace, c’est un Lièvre qui apporte les fameux œufs. Historiquement, on considère que ce choix est dû au fait que cet animal est extrêmement fécond, notamment au retour des beaux jours, et c’est un symbole animiste qui remonte sans doute encore plus loin que le christianisme. D’une manière générale, si l’on devait circonscrire la zone d’influence du lapin ou du lièvre de Pâques, il suffit de calquer la carte du protestantisme et cela coïncide presque parfaitement…
Mais dans d’autres régions du monde, le lapin est remplacé par un autre animal, comme le renard en Westphalie, une cigogne en Thuringe, le coucou dans les alentours de Hanovre, ou encore le coq en Bavière. Pour ce qui est de nos amis australien, les enfants quant à eux, cherchent et mangent des rats en chocolat, le bilby, et cela dans le but de sensibiliser les plus jeunes à ce marsupial qui a longtemps été fort malmené dans son habitat naturel, et qui, justement, est menacé par la surnatalité des lapins dans des habitats qu’ils ont en commun…
Chose plus « étrange » ou moins rationnelle si l’on peut dire, dans les contrées qui baignent dans un catholicisme profond, ce n’est plus animal, quel qu’il soit, mais c’est une …….cloche qui amène les œufs dans les jardins !
Pour expliquer cela, il faut avoir une connaissance précise de certaines traditions chrétiennes, selon lesquelles les cloches cessent de sonner dans les clochers des églises, à partir de la messe précédant le Jeudi Saint, cela pour signifier le deuil et rendre hommage au Christ. On raconte qu’au cours de cette période, si les cloches ne sonnent plus, c’est tout simplement qu’elles se sont envolées en direction de Rome et du Vatican. Elles effectuent leur retour la nuit qui précède Pâques, et elles sont, dit-on, chargées à craquer d’œufs, qu’elles répandent alors dans les campagnes et dans les jardins, pour que les enfants puissent en faire la chasse au matin.
Si vous voulez savoir depuis quand les œufs, qui étaient donc à l’origine de vrais œufs, sont devenus des œufs en chocolat, il suffit de suivre le prix du cacao, puisque dans notre monde, tout n’est qu’une question d’argent et de profits, au fond… Pour répondre à cette fameuse question, et bien sachez que c’est au cours du 19ème siècle par le truchement de la colonisation et des échanges intercontinentaux que le « cours » du cacao s’est mis à la portée de plus nombreuses bourses. Si bien que les confiseurs et les chocolatiers se sont alors engouffrés dans la brèche si l’on peut dire… en se mettant à confectionner des œufs en chocolat, une tradition qui n’a pas disparu depuis lors, comme en témoignent nos étals de grandes surfaces et de boulangerie-pâtisserie chaque année à la même époque…
Mais l’église catholique est catégorique et ne fait pas de mystère à ce propos, – mais avions-nous besoin de son explication pour le déduire-, la transmutation de la coquille d’œuf en chocolat n’est en aucun cas une affaire de miracle alchimique ou ce genre de chose, mais bel et bien de commerce et de profit : « La coutume d’offrir des œufs ou des lapins en chocolat est d’origine purement commerciale…«
Pour conclure :
Vous savez désormais tout ce qu’il faut savoir sur la tradition de la chasse aux œufs de Pâques, dont vous découvrez peut-être, à la lecture de ce contenu, qu’elle remonte à de nombreux millénaires en arrière… Elle a su traverser les âges et les ères, siècle après siècle et s’est imposée partout dans le monde, sans doute parce qu’elle prend sa source dans le cycle naturel des saisons et qu’elle n’est au final qu’une façon de marquer la chronologie du temps à l’échelle de l’année, comme le fait notre montre à l’échelle de la journée. Dieu sait comme c’est important pour l’humanité, depuis toujours, de savoir se situer à la fois dans l’espace, mais aussi dans le temps, les cartes et les calendriers sont autant de manières d’y parvenir et autant d’éléments qui abondent en ce sens. Quoi qu’il en soit, nous espérons que vous avez apprécié la lecture et que vous avez également appris tout un tas de choses en parcourant notre article.
La Rédaction