La fin du costume au boulot ?

Le costume deux ou trois pièces se raréfie au bureau, au profit d’un style plus décontracté que l’on peut nommer business casual.

Si il reste un incontournable des cérémonies et occasions formelles, le costume semble déserter les bureaux. Alors qu’entre 2011 et 2019 les ventes de costumes ont chuté de 58%, ce mouvement est également suivi par les cravates. Retour sur les causes ayant conduit à l’inflexion du dress code professionnel, ce mouvement se répercutant aujourd’hui à travers toutes les collections des marques comme Veillon.

Après-guerre, durant les années 1950 et 1960, un dress code plutôt rigide régnait pour les employés de bureau. Les hommes devaient arborer des costumes sobres assortis de cravates ; l’univers de Mad Men retranscrit fidèlement ce à quoi resemblait la gente masculine en journée.

Un premier tournant a cependant vu le jour dans les années 1970, grâce à la révolution informatique. Durant cette période, cette industrie a connu une expansion sans précédent, créant ainsi de nouveaux emplois. Les personnes afférées auprès des machines faisant alors office d’ordinateur furent autorisées à assouplir leur tenue. Pour se remettre dans le contexte, il faut avoir à l’esprit qu’alors, un ordinateur pouvait occuper une pièce entière et qu’il surchauffait celle-ci rapidement. Pour faciliter le quotidien des personnes afférées près de ces machines, elles furent donc autorisées à laisser tomber leur cravate et à ne pas porter de veste.

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Durant la même période, un second mouvement cette fois-ci outre-Atlantique est né, qui allait également participer à l’inflexion de la tenue de travail : le Aloha Friday. Créée par l’industrie textile hawaienne, il consistait à permettre aux employés de venir une fois par semaine en chemise colorée à fleurs au bureau. Le but initial de cet évènement hebdomadaire était de faire connaitre la culture de l’île, il fut toutefois largement repris en signe de protestation contre le dress code rigide de l’époque.

Le concept fut repris dans les années 1990 par l’industrie textile, toujours aux Etats-Unis, sous le nom de Casual Friday. Plus précisément, c’est l’entreprise Levi Strauss qui, après avoir noté le changement d’habitude vestimentaire au travail des années 70 et 80, a lancé une série de campagnes marketing afin de donner un coup de fouet aux ventes de sa nouvelle marque baptisée Dockers. Concrètement, des publicités pour les chinos ont fleuri sur tous les panneaux publicitaires, non sans succès.

Surfant sur cette vague, Levi’s imprima un livre destiné à expliquer aux hommes comment s’habiller pour le travail (A Guide to Casual Businesswear). Il fut écrit à destination des services de ressources humaines des grandes compagnies américaines. 25 000 exemplaires furent ainsi envoyés aux responsables en charge du personnel afin de les influencer sur ce qu’il était possible de porter au travail, en prenant bien soin de mettre Dockers en avant. D’autres marques s’engouffrèrent dans le sillon de Levi’s, comme Ralph Lauren ou Brooks Brothers. A force d’opérations marketing, l’idée d’un dress code plus détendu au travail a ainsi fait son chemin.

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Aujourd’hui, ce qu’on nomme le style casual business est devenu un courant à part entière et se rend particulièrement populaire auprès des jeunes actifs. Les millenials qui rentrent sur le marché de l’emploi se sont accaparés cette tendance, pour plusieurs raisons. Comme à chaque génération, il y a eu une réaction en opposition à leurs ainés, qu’ils ont beaucoup vu travailler en costume. Il ne faut également pas oublier que l’économie actuelle est dominée par la tech, secteur où le principe est le Casual Friday Everyday. Enfin, alors que la règle tend à être de travailler depuis n’importe où (et d’autant plus suite au Covid-19), le confort est de plus en plus en privilégié, effaçant ainsi les frontières entre vie personnelle et professionnelle.

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