C’est un peu plus qu’une paire de chaussures.
35 ans. Ce n’est pas l’âge de la chaussure, mais le temps écoulé depuis que Stan Smith a pris sa retraite et a quitté les cours de tennis. Sans le modèle de chaussure éponyme devenu culte aujourd’hui, vous n’auriez probablement jamais entendu parler de lui.
Stan Smith est un joueur de tennis qui a gagné l’U.S. Open en 1971 puis Wimbledon en 1972 (tout de même). Ce qui lui a valu d’être intronisé en 1987 dans l’International Tennis Hall of Fame, qui est le un musée sportif basé à Newport aux États-Unis et qui a pour mission de consacrer l’histoire du tennis et de ses champions. En 2005, il faut également consacré comme l’un des 40 meilleurs joueurs de tous les temps par Tennis Magazine.
Alors qu’il était très populaire dans les années 1970 grâce à ses victoires, sa cote a explosé lorsque Adidas l’a contacté pour former l’un des partenariats les plus réussi de l’histoire de la sneakers. C’est ainsi qu’il est passé du rang d’athlète à celui d’icone de mode.
Pour comprendre l’histoire de la Stan Smith (la chaussure), il faut remonter aux origines de celles-ci et au nom qui lui avait initialement été prévu : l’Adidas Robert Haillet.
La marque aux trois bandes a produit sa première chaussures destinée aux terrains de tennis au début des années 1960. La personne aux commandes était Horst Dassler, le fils du fondateur de la marque Adolph « Adi » Dassler (dont découle le nom Adidas), qui a eu l’idée de cette sneaker. Idée qui n’allait pas moins faire que révolutionner l’histoire des chaussures de tennis. Horst Dassler a eu l’idée de produire la première chaussure faite de cuir, alors que les modèles de l’époque étaient en toile. La nouvelle chaussure comprenait une semelle extérieure en caoutchouc et une semelle intérieure en synthétique.
Pour la sortie de ce modèle révolutionnaire, Adidas s’était rapproché de Robert Haillet, qui était l’un des deux seuls tennisman professionnel de l’époque. Lorsque la basket fut lancée en 1965, les joueurs l’ont rapidement adopté en considérant qu’il s’agissait de la meilleure tennis du marché. Comme pour le modèle de basketball Superstar également développé par Adidas, les joueurs ont déclarés que la chaussure apportait plus de soutient et diminuait le risque de se tordre la cheville.
Les premières années de la chaussure alors baptisée Robert Haillet ont connu en parallèle une montée de la popularité du tennis. En 1968, le tournoi de Wimbledon passa d’un tournoi exclusivement dédié aux amateurs à un championnat professionnel, participant à l’avènement des Open mondiaux (US Open, Roland Garros, etc).
Trois an plus tard, c’est-à-dire en 1971, Robert Haillet prit sa retraite et devint un représentant commercial pour Adidas dans le sud de la France. C’est alors que Horst Dassler se mit en quête d’une nouvelle personne pour incarner une nouvelle version de la chaussure. Le choix s’est alors rapidement porté sur une étoile montante du tennis américain, Stan Smith.
La chaussure possède un design minimaliste, ce qui lui a permis de rester sur le devant de la scène durant des décennies. Alors que le cuir recouvre toute la chaussure, la seule touche de couleur se trouve sur la languette arrière. Un rembourrage en mousse fut ajouté au talon à la fin des années 1960, ainsi qu’une semelle à chevrons afin de mieux adhérer aux terrains en terre battue.
A la différence de la plupart des chaussures Adidas, la Stan Smith ne comporte pas les trois bandes iconiques, mais plutôt trois rangées de trous. Depuis 50 ans, la chaussure a connu très peu de modification et a conservé son allure sobre.
Pour que la Stan Smith prenne son nom actuel, il a fallu attendre 1978. La marque a en effet hésité longtemps sur la question de renommer le modèle Robert Haillet ou non. Puis la décision fut prise, ainsi que celle de rajouter le portrait du tennisman sur la languette.
La chaussure a alors connu une très grande popularité, tant et si bien que même les adversaires de Stan Smith la portait sur les cours de tennis. Mais c’est hors des terrains que la chaussure a percé ; en 1988, plus de 22 millions de paires avaient été vendues.
Lors du passage au 21ème siècle, Adidas a lancé une nouvelle version de sa sneaker, sobrement intitulé Stan Smith II. Elle comporte une languette plus épaisse et n’affiche plus le portrait de l’athlète. Sur l’empiècement du talon, on ne trouve plus que le logo de la marque. Puis en 2008, une réplique de la Stan Smith classique fut relancée, baptisée Stan Smith 80’s. C’est un rappel direct au design historique de la chaussure.
A la fin de l’année 2011, Adidas décida qu’il était temps de changer la recette. Smith et les dirigeants de la marque allemande se sont réunis pour conclure que la production serait arrêtée les deux années suivantes. Le but était d’une part de prendre du recul sur la chaussure afin de pouvoir en proposer d’autres versions, et d’autre part de créer de la rareté alors que la demande pour la chaussure se faisait de plus en plus forte.
Il fallut donc attendre 2014 pour qu’Adidas relance à nouveau la Stan Smith à coup de grandes opérations marketing, notamment via l’envoi de paires personnalisées à des créateurs comme Pharrell. Les paires ont alors commencé à se vendre non plus chez des équipementiers sportifs mais dans des magasins plus hype comme Colette ou le Bon Marché.
De nouvelles couleurs ont fait leur apparition, ainsi que de nouvelles variations de construction notamment via l’inclusion des semelles Boost. Ce fut ensuite le tour des collab, par des partenariats conclus avec de grands créateurs : Raf Simons, Pharrell ou Yohji Yamamoto. La Stan Smith a ainsi renforcé sa présence dans la pop culture, devenant ainsi plus connue que le joueur de tennis.
En 2014, la marque a annoncé que 40 millions de paires avaient été vendues depuis leur premier lancement, pour atteindre 50 millions en 2016. De nombreuses marques se sont inspirées de la Stan Smith pour la concurrencer, le challenger le plus connu étant peut-être Common Projects avec sa Achilles Low.
L’histoire de la Stan Smith montre bien qu’en matière de style et de mode, tout n’est que cycle et que les modèles iconiques des grandes maisons sont des valeurs sûres. Pour Smith (le joueur), il est retraité depuis un moment et vit aujourd’hui en Caroline du Sud où il possède des dizaines de modèles de la chaussure qui porte son nom. Il continue de faire des apparences pour la marque à travers le monde.