Durant une semaine (du 22 au 25 janvier 2018), les défilés de robes toutes plus improbables les unes que les autres ont représenté un univers artistique et un imaginaire jouant avec l'anatomie, la réinventant, l'illusionnant. Et c'est bien ce que l'historien Georges Vigarello recherche à démontrer dans ces quelques 200 pages. Les robes ont constitué dès le Moyen-Âge et constituent encore aujourd'hui le territoire de l'élégance et du fonctionnel, bousculant les lignes et faisant fi des codes et des limites.
Marqueur d'une catégorie sociale et culturelle, ce vêtement s'est fondu dans la silhouette féminine, l'a habillée, puis déshabillée, l'a trahie, puis l'a protégée pour enfin l'épanouir et la liberée de tout et de tous ! Indispensable dans le vestiaire de toutes les femmes au travers des siècles, la robe a pris une place importante dans le jeu des apparences et des faux-semblants mais aussi dans l'affirmation de soi. Courte, asymétrique, nouvelle dimension, épaule ou genou dénudé, découpe haute ou basse, sexy, ajourée, longue, fleurie, ceinturée, décolletée, ... la robe ouvre le champ de tous les possibles !
Aucune limite ne semble entraver l'ascension de cette pièce aux mille et unes allures ! C'est tout cela que l'on retrouve dans le fabuleux ouvrage porté par l'historien George Vigarello qui retrace le destin d'un vêtement de prime abord si évident.
Pourquoi on aime ? Parce que, de la robe noire à la robe blanche, de la robe longue à la robe courte, Georges Vigarello décrypte les modèles qui ont fait l'histoire. Au fil des pages magnifiquement illustrées et au fur et à mesure des époques et des années, la robe devient un indicateur exceptionnel des mentalités de telle ou telle période plus ou moins mouvementée. Car, la robe n'a pas toujours été ce qu'elle est aujourd'hui.
Un coup de coeur ? Pour ce message qui transparaît entre les lignes de la plume de Georges Vigarello. En effet, bien qu'historique et volontairement objectif, cet ouvrage s'apparente tout de même à un manifeste pour la beauté naturelle de la femme et contre la mutilation de la taille féminine. Le lecteur ne peut que saluer les initiatives de ces femmes trop peu connues et reconnues. On retient notamment le courage la médecin Blanche Edwards-Pilliet et de Madame Doria qui, au nom de la beauté, de la santé et de la mentalité des femmes, ont porté haut et fort l'idée d'une réforme du vêtement : en finir avec la coquetterie, signe de soumission aux normes masculines...
Le plus ? Cette bibliothèque iconographique impressionnante : les peintures, gravures et photographies font partie intégrante de la richesse de cet ouvrage.