(Coup de coeur) Versailles et la Mode par Laurence Benaim

" Versailles et la mode " (Flammarion) est un ouvrage abondamment illustré mêlant textes et photographies d'archives. L'auteure et journaliste, Laurence Benaim, nous fait découvrir l'influence de Versailles sur les codes vestimentaires, mais aussi sur les plus grandes maisons, les créateurs, et la couture. Un pur bonheur !

Le château de Versailles, icône du luxe et de l'art de vivre à la française, est un lieu de la mode (et à la mode) par excellence. C'est aussi le point de départ de la journaliste Laurence Benaim pour ce livre consacré au " style Versailles ". On croit reconnaître une pampille de lustre derrière les broderies de perles d'une robe bustier ; plus loin, c'est l'embrasse d'un rideau des appartements royaux que l'on retrouve sur une robe Lempereur ; ailleurs, c'est un nœud échappé du décor d'un meuble typique de l'art rocaille... Dans ces détournements, Laurence Benaim s'amuse et nous entraîne avec effet de loupe dans un Versailles universel et intemporel, fait de focus graphiques ou ornementaux. Page après page, le lecteur traverse les époques et les siècles avec, comme fil rouge, la mode royale à la versaillaise : du style Louis XVI impératrice à Yves Saint Laurent en passant par la Belle Époque, les Folies Bergères, la Café Society sans oublier Christian Dior et Karl Lagerfeld ...

Pourquoi on aime ? Parce que ce livre est truffé d'images magnifiques : des tableaux de peintures (dont la plupart sont signés par Elisabeth Vigée-Lebrun), des photographies en noir et blanc, des croquis issus des archives des maisons de couture, des clichés " people " pris sur le vif, des prises de vue de shooting mode pour des magazines tels que Vogue, des détails de défilés de Fashion Week.... Tous ces fabuleux trésors sont réunis dans ce même ouvrage et éclairent de manière éloquente les propos de Laurence Benaim.

Un coup de coeur ? Pour la partie de ce livre consacrée au goût " Néo-Trianon " revisité sur les robes. A l'élégante société, ces vêtements ultra-féminins sont composés de broderies blanches et grises, de camés en guise de médaillons et ornés de noeuds à la Fontanges. Avec beaucoup d'harmonie, de tendresse et de subtilité, cette époque haute-couture des années 1950 met en scène des habits précieux, lumineux et frais mais sans grande prétention.

Le plus ? A chaque chapitre, le lecteur apprend un nouveau vocabulaire de la mode tels que le ruban " boiteux ", les cheveux en " palissade ", les manches " à grandes oreilles"... On découvre que Madame de Montespan a inventé la première robe pour femme enceinte baptisée " robe innocente ". Cette robe longue, étalée amplement, allant nonchalamment et sans ceinture ne révélait donc pas la taille et donnait même un air plus jeune à la femme qui la portait selon les paroles d'Edme Boursault dans Les Mots de la Mode (1694) ! On découvre également que le chignon à la Fontanges était un véritable édifice à plusieurs étages composé de fils d'archal sur lesquels était placée une série de dentelles empesées et séparées par des rubans ornés de boucles de cheveux qui les recouvraient entièrement !