En tant que professeur de lettres classiques, je m’intéresse à la langue française, que je trouve superbe mais difficile à manier, je le concède ! Il y a certaines erreurs que je tolère sans problème puisque je connais la complexité du français, mais d’autres m’énervent au plus haut point. Celles que j’énumère ici sont en général commises par des personnes qui ont l’impression de bien parler, je crois que c’est ça qui m’énerve le plus.
Je prends soin de barrer les erreurs que je donne dans les exemples pour que vous ne les assimiliez pas. C’est une habitude que j’ai prise dans mon métier : en effet quand on voit une phrase inscrite, on l’enregistre, qu’elle soit bonne ou fausse, donc je fais attention à vous
Je n’ai pas mentionné les traditionnels et insupportables « Au jour d’aujourd’hui » « Je vais au coiffeur »…
1.Une espèce de…
Et oui, il faut dire « une espèce de… » même quand le mot suivant est masculin. Cela semble tout à fait logique puisque « espèce » est féminin et que « une » est le déterminant qui s’y rapporte… Mais je ne compte plus les personnes qui disent « un espèce de meuble » par exemple.
Pour le retenir, je vais citer mon professeur d’Hypokhâgne, mon cher Monsieur Sourdillon : « On dit une espèce de con. »
2. Près de
« Ah ben comme ça elle n’est pas prête de réussir ! » Je ne compte plus le nombre de fois où j’entends ce genre de phrases : à la télévision, à la radio… et souvent par des journalistes.
Or il faudrait dire « Elle n’est pas près de parler correctement. » par exemple Il faut utiliser la locution « près de » indiquant la proximité et non l’adjectif « prêt(e) » suivi de la préposition « à », que l’on utilise dans cette acception :
« Elle est prête à tout pour ne plus faire d’erreurs. »
3. Entre parenthèses
En tant qu’adepte des parenthèses – vous avez dû le remarquer, rien qu’en voyant le nom du blog – j’aime que l’usage de cette jolie ponctuation (souvent controversée mais qui donne lieu à toutes les digressions) soit respecté. Mais là j’évoque les gens qui utilisent « entre parenthèses » pour dire « entre guillemets ». Avez-vous remarqué le nombre de personnes qui se trompent ? Celles qui remportent la palme sont celles qui disent entre parenthèses en faisant le signe des guillemets…
En cherchant une image de guillemets, je suis tombée sur cet article déconcertant du Monde : Stop aux guillemets avec les doigts.
4. Une échappatoire
Vous allez dire que je chipote et je vous le concède. Mais les personnes qui utilisent le terme « échappatoire » le font souvent de manière pompeuse, avec une certaine fierté… et se trompent de genre ! Quitte à l’utiliser, autant faire les choses bien, ou employer un synonyme plus sobre : issue, sortie, prétexte…
5. Amener au lieu d’apporter
J’ai tellement entendu ma mère dire, quand nous étions enfants :
« J’amène quelqu’un ; j’apporte quelque chose » que je devais faire figurer ces verbes ici. Ainsi on dit « Je t’apporte un livre » et non « Je t’amène un livre » que l’on ne prend pas la main
6. Se rappeler quelque chose
De même on dit :
« Je me souviens de quelque chose » car le verbe est intransitif, donc suivi du COI (allez on se souvient de ses cours de collège )
« Je me rappelle quelque chose » car le verbe est transitif, donc suivi du COD.
Meri maman une fois de plus, car elle nous a souvent répété cela également.
7. Pallier un manque
Qui n’a jamais entendu à la radio « Pour pallier au manque de personnel à l’hôpital, les heures supplémentaires s’accumulent ». Si j’en parle c’est que j’ai moi-même commis cette erreur ! A force de l’entendre, j’ai fini par utiliser le verbe ainsi, alors que c’était incorrect et c’est ma soeur (journaliste )qui m’a reprise. Elle a eu raison, même si j’étais un peu vexée sur le coup.
8. Après qu’il est parti
Oui je me doute que lire cela vous interpelle. Mais il faut utiliser le mode indicatif (le mode du réel) après la locution « après que ». Le subjonctif est inutile puisque nous ne sommes pas dans le domaine de l’hypothèse.
En rédigeant cet article, je ne veux surtout pas passer pour la puriste irréprochable. Je commets moi-même régulièrement des erreurs, et celles de cette liste m’ont concernée autrefois. J’ai d’ailleurs tendance à dire souvent « Je suis trop contente » pour manifester mon enthousiasme, et je sais que c’est incorrect. Mais j’ai tellement de mal à manifester physiquement ma joie, qu’il me faut quelques débordements langagiers afin de l’expliciter !
Et vous, quelles sont les erreurs ou les tics langagiers qui vous horripilent ?
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