Chers amis lecteurs,
Ce matin, j'ai pensé à la Fête du Travail. Notre devoir est-il vraiment rempli ? Ou ce 1er mai n'est-il qu'une excuse pour ne pas aller travailler ? Loin d'être une personne engagée, j'ai tout de même pensé à tous ces gens qui se sont battus pour que les enfants aillent à l'école plutôt qu'à l'usine, pour l'indépendance et les droits des femmes et pour les droits des travailleurs, évidemment. Le muguet étant introuvable dans le village où je suis, je repense à son parfum, assis sur ce fauteuil en bois, le visage caressé par les doux rayons du soleil matinal.
N'ayez crainte, je ne partirai pas dans une réthorique politico-enflammée, chers amis lecteurs, je vous écris seulement pour vous raconter mon séjour. En buvant un café, j'ai parcouru rapidement les actualités Facebook et je suis tombé sur un drôle d'article parlant d'une nouvelle tendance qui règne sur Instagram: Le #cheekyexploits. Il s'agit de montrer ses fesses dans les plus beaux endroits du monde. Je me suis soudain rendu compte que j'étais dans l'un des plus beaux endroits du monde. Je te laisse donc avec ces quelques clichés pris sur une des plages de Bentota dans la matinée.
Après avoir libérer mes fesses du carcan de mon maillot de bain, nous avons déjeuné chez nos amis. Ils vivent ici plusieurs mois par an. Nouilles sautées au poulet, fruits de mer et calamar composeront ce déjeuner rapide qui finira par de délicieux fruits, bananes, mangues, fruits de la passion. Après déjeuner, une partie du groupe décide de lézarder au soleil et de défier les vagues de l'Océan Indien. Je décide de suivre ceux qui veulent aller visiter des temples boudhistes. Nous voilà partis à vélo. Nous sommes cinq à se suivre en file indienne. Nous passons par des petits chemins et des routes pour arriver à de sublimes temples dans lesquels le temps semble être figé.
J'étais déjà venu dans l'un des temples. Nous avions été accueillis par un jeune moine en apprentissage. Il était encore là. Il a grandi et il est toujours aussi intrigant. Avec son vêtement traditionnel orange vif, il nous accompagne tout sourire dans les différentes salle de son temple. Les décors sont chargés et très colorés. Cet endroit dédié à la spiritualité trône sur les rives d'un immense lac recouvert de lotus.
Le second temple est littéralement perdu dans la jungle. Ce véritable ilot de méditation est une oasis dans cette nature verte et luxuriante. Le ciel est blanc. Une pluie très fine habille l'air et le rend encore plus humide. Nous oscillons entre fraicheur et chaleur.
Pédalant sur nos vélos, nos amis décident de faire un petit détour pour rentrer. On roule près d'un ruisseau à l'eau trouble, rempli de végétations. Des enfants s'y baignent et rient fort. Les chemins sont boueux et parsemés de pelouses grasses. Nous croisons un varan, quelques crabes. D'immenses arbres forment des remparts de part et d'autres d'une route goudronnée qui longe une rivière.
La pluie forme une brume matérialisant les rayons du soleil. Je laisse les gouttes d'eau couler sur mon visage trempé. Certains souvenirs remontent à la surface. Je m'efforce de m'en fabriquer de nouveaux. Je file sur ce vélo, pédalant le plus vite possible. Je m'éloigne du groupe, me perd et me laisse embarquer dans la folie sonore des tuk-tuk et des gens. Je me retrouve devant la maison de mes amis. Essoufflé, je range mon vélo. Mes jambes sont tachetées de boue, mon visage est trempé, je m'assois sur le perron et m'allume une cigarette. La fumée me brûle la gorge. Et éteint les derniers souvenirs qui subsistent de l'année dernière.
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