Je voulais parler de l’allaitement depuis longtemps, mais aujourd’hui je « prends la plume » virtuelle car j’en ai vraiment besoin.
Milan a 6 semaines et l’allaitement a fonctionné avec lui dès le début, donc j’ai eu envie de me lancer pleinement dans cette expérience que je désirais vivre. Néanmoins, je répète régulièrement que l’allaitement est un sacerdoce. C’est le mot qui me vient spontanément à l’esprit. J’ai voulu vérifier sa définition exacte, et elle convient parfaitement :
Sacerdoce (n.m.) : Fonction qui présente un caractère particulièrement respectable en raison du dévouement à l’égard d’autrui qu’elle exige.
Les termes « dévouement » et « respectable » me parlent beaucoup. Certes il s’agit d’un choix que j’ai fait et je l’assume totalement, même lorsque c’est difficile, mais c’est un choix induit par les nombreuses préconisations médicales.
L’allaitement suscite des émotions et des sensations multiples et parfois contradictoires. Voici quelques commandements qui le caractérisent :
1. Ton bébé toujours contre toi tu auras
L’allaitement implique un rapprochement physique entre la mère et l’enfant, et un lien presque aussi fort que pendant la grossesse. L’enfant qui tète reconnaît notre odeur ainsi que les sons qu’il a entendus in utero, notamment les battements du coeur.
À la naissance, le bébé va chercher à retrouver du connu. L’allaitement va le lui permettre. Le peau à peau pratiqué généralement dans l’heure qui suit la naissance permet au nouveau-né de ramper vers le sein, chercher le mamelon et le prendre. Il y parvient grâce à l’odeur car l’aréole du sein dégage des odeurs semblables au liquide amniotique, ainsi que le colostrum.
J’ai pu remarquer sur Milan à quel point il semblait rassuré dès les premières tétées, et j’ai eu envie de continuer l’expérience malgré les douleurs engendrées par la brèche (à laquelle je vais consacrer un article).
Quelques semaines plus tard, mon bébé est toujours contre moi, notamment la nuit car je l’allaite couchée et nous nous endormons ensuite ainsi. Je le cale au mieux, moi aussi pour ne pas me créer des douleurs cervicales ou dorsales, et je m’assure de sa sécurité en le couvrant avec sa gigoteuse et non avec ma couette.
2. Tout ton temps tu lui consacreras
Les premières semaines le bébé n’a pas de rythme, et il nous est conseillé de l’allaiter à la demande. Ce qui signifie toutes les deux ou trois heures, jour et nuit. Autant dire qu’il est impossible de s’absenter sous peine de laisser un bébé pleurant et affamé à un papa démuni. Au début ce n’est pas gênant car nous sommes tellement fatiguées que nous n’avons pas envie de sortir, mais le premier mois passé nous commençons à avoir envie de nous libérer un peu de temps… Une solution existe mais elle est déstabilisante au début.
3. Aux vaches tu penseras
Et oui, si on veut s’absenter sans emmener son bébé et sans passer à l’allaitement mixte, la seule solution est le tire-lait. Quand vous tirez votre lait pour la première fois, vous comprenez ce qu’endurent les vaches… et vous avez envie de boycotter les produits laitiers ! Ca tombe bien : je le fais spontanément puisque j’y suis intolérante.
J’ai testé le tire-lait manuel seulement pour le moment. Il s’agit de pomper et de recueillir le lait directement dans le biberon. Ce n’est pas douloureux contrairement à ce que je craignais, maus c’est fastidieux car ça coule lentement, on est plus de l’ordre du goutte à goutte que du robinet En 45 minutes j’ai un biberon de 160 ml…
Néanmoins cela m’a permis de sortir un peu sans lui et même de boire du champagne ! C’est une solution pratique qui incite à continuer l’allaitement quand on commence à se décourager.
J’ai demandé une ordonnance pour un tire-lait électrique, mais il faut que j’aille le commander car c’est encore plus perturbant.
4. Les pics de croissance tu redouteras
Avez-vous déjà entendu parler des pics de croissance ? Moi jamais jusqu’à ce que mon bébé ait 3 semaines, se mette à pleurer sans arrêt alors qu’il était calme, et semble sans arrêt affamé. Voilà : c’est un pic de croissance que l’on remarque surtout chez le bébé allaité. Il apparaît à 3,6 et 9 semaines, puis à 3, 6 et 9 mois.
La maman a l’impression qu’elle n’a plus de lait car ses seins semblent mous et vides. Le bébé quant à lui réclame sans cesse et s’énerve. Vous n’avez l’impression de ne faire qu’allaiter, d’ailleurs vous ne faites que ça ! J’ai même lu que l’idéal était de dormir la poitrine à l’air pour que bébé puisse téter plus facilement… Je ne l’ai pas fait car je ne me serais pas sentie à l’aise, mais j’aurais pu pour des raisons pratiques. Oui vous avez un « bébé pin’s » comme l’a très justement dit une lectrice sur Instagram (merci Drpmzi). Il faut tenir bon mais c’est difficile car l’allaitement fatigue, quoi qu’on en dise. Vous êtes assoiffée (car l’allaitement donne aussi chaud et soif), épuisée et sollicitée jour et nuit. Cela dure entre 1 et 3 jours.
En France, les femmes arrêtent l’allaitement exclusif à 3 semaines et demi en moyenne : ce n’est pas un hasard à mon avis. Certes il y a les douleurs du début à cause des crevasses, des seins qui peuvent s’engorger… Mais le pic de croissance qui s’ajoute à la fatigue accumulée donne envie de tout abandonner.
Une nuit j’ai eu envie d’arrêter, mais je me suis dit que ça ne durait pas longtemps, et j’ai pensé à toutes les mamans qui passaient ce cap aussi. Cette solidarité entre mamans, que je perçois sur Instagram (puisque mon téléphone me tient compagnie lors de ces nuits éveillée) apporte beaucoup.
5. Tes kilos de grossesse tu garderas
Alors je déclare haut et fort une arnaque ici même : j’ai lu et entendu partout que l’allaitement faisait maigrir. Mais qui a menti s’il vous plait ?
A la sortie de la maternité j’avais perdu 8 kilos sur les 13 que j’avais pris. Et depuis il m’est tout simplement impossible de perdre un gramme supplémentaire. Je me rends compte que mon corps stocke et refuse de me voir maigrir davantage. J’ai même repris un kilo ! Certes je ne me suis privée de rien et la fatigue associée à la baisse de moral du début (toujours à cause de la brèche) m’ont poussée à manger du chocolat, des bonbons, des gâteaux… mais en petite quantité et avec des repas équilibrés à côté. J’ai ait exactement la même chose après la naissance d’Hélia 3 ans avant. J’avais aussi pris 13 kilos, perdu 8 directement, mais j’ai perdu rapidement et sans m’en rendre compte les 5 kilos restants… Je ne l’allaitais pas.
Pour Solal – que j’ai allaité un mois en exclusif et un mois en transition – j’ai perdu mes kilos dès la fin de l’allaitement.
Je sais très bien que cela fait fondre certaines femmes, que cela dépend de chacune. Je me suis fait une raison : je fais partie de celles qui stockent et je reconnais que ce n’est pas plus mal car mon IMC d’avant grossesse me classe dans la catégorie « maigre ». Je serais trop épuisée si je n’avais pas ces kilos en plus. Ma priorité pour le moment est que Milan soit bien nourri et serein, ce qui semble être le cas.
Mais le ventre-brioche et les poignées d’amour ne me manqueront pas.
6. Polyvalente tu seras
Allaiter demande du temps, plus de temps que pour un biberon. On apprend donc à s’occuper, même si on aime le fait de regarder son bébé et de partager ce moment privilégié avec lui. L’Ipad et le téléphone nous rendent bien service, d’où ma présence bien plus grande sur Instagram. Les magazines et la télé constituent également un bon divertissement. Mais quand on a beaucoup de choses à faire et qu’on veut essayer de tout concilier, on compose.
Tout à l’heure j’avais vraiment envie de sortir un peu pour rejoindre une amie à un événement blog. Je me suis donc maquillée tout en allaitant.
J’arrive désormais à installer correctement le bébé sur le coussin d’allaitement, et à me mettre face à l’ordinateur pour rédiger ou répondre à des mails.
Mais quand je ne suis pas seule, je n’hésite pas à demander de l’aide, de cette manière :
7. Le doute tu connaîtras
Comme je l’indique au sujet des pics de croissance ou de la présence permanente non loin du bébé, le doute quant à l’allaitement peut survenir, surtout les premières semaines.
Pour Solal, mon premier enfant donc, je voulais absolument allaiter car j’avais lu et entendu que le lait maternel était ce qu’il y avait de mieux pour le bébé, qu’il avait davantage d’anticorps, moins d’allergies, que la diversification serait plus facile… Tout ceci est vrai mais fait encore plus culpabiliser celles qui n’allaitent pas.
J’ai voulu tenir bon mais je pleurais presque à chaque fois car j’avais des crevasses impossibles à soigner. J’ai tout essayé :
- couper le frein de langue du bébé
- consulter une conseillère en lactation
- je suis incollable sur les différents positionnements du bébé (ballon de rugby, madone…)
- la crème à la lanoline était encore pire car j’y suis allergique
Au bout d’un mois d’épuisement et de pleurs, j’ai décidé d’arrêter en douceur, sur un mois. Quand l’allaitement s’est terminé j’ai été totalement libérée et soulagée. Nous avons mis un peu de temps à trouver un lait qui convienne à Solal, mais une fois le lait trouvé il a retrouvé une maman plus sereine et moins fatiguée.
8. Tes vêtements tu adapteras
Après la grossesse nous sommes absolument ravies de pouvoir retrouver des vêtements « normaux ». Mais non, ne nous fourvoyons pas : nous ne rentrons plus dans nos jeans à cause d’un bassin élargi et d’un ventre tout mou.
Quand on allaite, impossible de caser notre opulente poitrine dans des petits hauts près du corps, et surtout : il faut pouvoir allaiter facilement. Donc à nous :
- Les soutien-gorges d’allaitement taille L
- Les débardeurs
- Les hauts amples ou chemises
Et adieu :
- aux robes
- aux hauts moulants
Ce n’est pas très contraignant finalement, mais il faut savoir que nos tenues sont encore restreintes.
9. De drôles de gadgets tu adopteras
Je vous fais une liste non exhaustive de tous ces petits outils destinés à améliorer l’allaitement (j’ai la chance d’en utiliser très peu parmi eux ! ) :
- les coquilles recueille-lait
- les bouts de sein
- les coussinets d’allaitement
- la crème Lansinoh
- le tire-lait…
10. Mais épanouie tu deviendras
Malgré tout je suis très heureuse d’allaiter, et je dirais même que j’en suis fière. J’aime ce moment unique entre nous, j’aime voir ce petit visage de bébé serein, ces petites mains qui s’agrippent à ma chemise, et désormais à mon collier d’allaitement, ce bébé qui se laisse aller au sommeil, repu et rassuré.
Je ne sais pas combien de temps j’allaiterai, je ne me fixe pas d’échéance, je profite simplement de cette période unique qui représente pour moi le prolongement de la grossesse.
Et vous, quel est votre rapport à l’allaitement ?
Voir aussi:
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