J’ai très envie de vous parler du fameux post-partum bien trop souvent passé sous silence. Aujourd’hui je ne vais pas encore énumérer la liste des réjouissances physiologiques, mais m’attarder sur le psychologique.
L’accouchement est une véritable épreuve pour la femme, même quand il se passe au mieux. Il faut que le corps s’en remette, mais l’esprit aussi. Les jours – et même les semaines – qui suivent la naissance du bébé, la maman est complètement hors du temps et de la réalité. Elle est dans une bulle de découverte, de douceur, de changement, avec un temps rythmé par les pleurs et les besoins de bébé. Cette image de bulle contient en elle-même la notion de fragilité.
La fatigue s’ajoutant aux bouleversements hormonaux, la jeune maman est dans un questionnement permanent, et les attitudes ou les réflexions a priori les plus anodines peuvent s’avérer très blessantes. En voici un florilège :
1- « Allez, on trinque à la naissance du bébé »
Et à la maman aussi non ? Autant la maman a été entourée d’attentions pendant la grossesse parce qu’elle portait la vie, autant elle peut avoir l’impression d’être un sac vide, déformé, qu’on oublie pour découvrir le nouveau né si mignon. J’ai ressenti cela plusieurs fois, une collègue m’avait prévenue de ce phénomène quand j’étais enceinte de Solal, et j’avais toujours gardé ses paroles en tête.
Aux mamans : connaissez-vous cette impression de ne pas exister aux yeux de ceux qui ne viennent que pour découvrir le bébé ? Ceux qui n’ont aucune parole pour vous, même pas un simple « Comment vas-tu ? » ou des félicitations. C’est très difficile à vivre, j’en au déjà pleuré longuement, seule dans mon coin bien sûr, de fatigue, de douleur et de déception.
Avis à tous ceux qui rendent visite à une jeune maman : ne l’oubliez pas ! Trinquez à sa santé aussi, et sachez qu’un bouquet de fleurs ou une boîte de chocolats sera encore plus apprécié qu’un pyjama pour le bébé…
2 – « Quand pouvons-nous venir le voir ? »
Il y a ceux qui veulent venir dès le lendemain et qui ne comprennent pas qu’on leur dise non car « la maman est fatiguée ». Nous n’avons jamais voulu de visite à l’hôpital car c’est le moment où la maman ne dort pas, est submergée d’émotions, est épuisée et ne se sent pas à son avantage (euphémisme) . L’idéal à mes yeux serait que les parents se retrouvent quelque jours avec le bébé et leurs enfants seulement, avant de passer aux présentations officielles.
La plupart de nos amis savent que nous les inviterons dans quelques semaines, le temps de trouver nos marques, notre rythme et nos habitudes. Ou alors j’aime les amis – comme ceux que nous avons vus hier – qui passent en prévenant qu’ils ne resteront pas longtemps, et qui précisent surtout » Si tu es fatiguée ou que ça ne va pas, n’hésite pas à nous prévenir et nous passerons une autre fois « .
3 – La valse des questions
« Pourquoi pleure-t-il encore ? Peut-être que je n’ai pas assez de lait »
« J’avais envie qu’il arrive en avance, mais il avait peut-être besoin de rester encore davantage ? »
« Et son oeil qui coule, c’est peut-être lié à un déficit visuel ? «
« Est-ce qu’il digère bien ? Il a peut-être un reflux ? »
« Sa façon de respirer est étrange non ? »
Les questions s’accumulent, la culpabilité n’est jamais bien loin. Je vous « rassure » : ces questions arrivent par centaines pour un premier bébé, mais elles sont moins nombreuses quand on a d’autres enfants. On apprend à se faire confiance et on n’arrive plus chez le pédiatre avec une liste à rallonge.
4 – Un quotidien compliqué
Quand la fatigue s’accumule et que le corps a du mal à se remettre dans son état normal, tout paraît compliqué. J’ai une liste de choses à faire, des ordonnances qui s’accumulent et il faut que je m’en occupe. Avec ma phobie du téléphone qui s’amplifie encore davantage quand je me sens fragile, je peux vous dire que les choses a priori banales prennent une toute autre ampleur :
« Il doit faire une radio des hanches à 1 mois, mais où aller ? »
« Je dois aller faire des prises de sang (encore la toxoplasmose pour voir si je ne l’ai pas contractée au moment de l’accouchement ! » mais aurai-je la force d’y aller le matin ? »
« Il faudrait que j’aille faire quelques courses mais pas le courage de me préparer et de sortir »
« Quand vais-je pouvoir dormir plusieurs heures de suite ? »
5 – L’allaitement ou la culpabilisation assurée
Depuis plusieurs années, il y a un véritable mouvement pro-allaitement qui se développe. Mais l’allaitement n’est pas aussi simple et naturel qu’il n’y paraît. Et que les femmes allaitent ou non, c’est un prétexte à débat et à critique :
« Tu as vu elle allaite dans un jardin public, ça me dégoute, c’est impudique »
Mais on ne choisit pas le moment où le bébé réclame !
« Vous n’allaitez pas ? C’est pourtant ce qu’il y a de meilleur pour le bébé »
Merci pour la petite culpabilisation au passage, mais c’est un choix personnel.
J’ai vécu toutes les situations : j’ai allaité Solal car je voulais être « la maman parfaite » et faire « ce qu’il y a de mieux pour le bébé » mais j’ai souffert à chaque tétée en ayant l’impression qu’on m’enfonçait des aiguilles. J’avais des crevasses à n’en plus finir et ai pourtant collecté le maximum de conseils, je suis incollable en matière d’allaitement. Quand j’ai mis fin à ce calvaire (j’emploie le mot exact) ça a été un véritable soulagement.
Je n’ai allaité Hélia que la première nuit, et quand j’ai vu les crevasses que j’avais à nouveau, je n’ai pas insisté. Je lui ai donné le biberon et tout s’est très bien passé, mais je sentais le jugement des pédiatres notamment.
Pour Milan : j’avais envie de l’allaiter (c’est ça le pire, j’en ai toujours eu envie ! ) et bizarrement tout s’est tout de suite bien passé. C’est une vraie satisfaction pour moi, mais je reconnais que c’est fatigant et que pour l’instant je ne me sens pas vraiment libre car je ne sais pas tirer mon lait (et l’idée me perturbe un peu) Bref je consacrerai un article à ce sujet, j’ai beaucoup de choses à dire !
6 – Les phrases irritantes
Nous sommes à fleur de peau après un accouchement, et des formulations un peu maladroites peuvent être particulièrement contrariantes, comme ce mail reçu à l’instant :
« Bonjour, je viens de regarder vos derniers articles sur votre blog, et je ne vois pas le produit que nous vous avons envoyé. Merci de me faire parvenir le lien de votre article »
… Je pense que mon blog parle de lui-même et que s’il a vraiment regardé mes derniers articles, il peut voir que j’ai été accaparée par autre chose non ?
« Ah mais il dort sur le ventre ? En mode co-dodo ? C’est dangereux ! »
Oui c’est déconseillé, oui je le sais. Je suis suffisamment renseignée sur tout ce qui concerne un bébé. Mais c’est soit ça, soit je ne le lâche pas une seule seconde. Je reste à côté et je le surveille, non il ne dort pas ainsi la nuit…
C’est épuisant d’avoir ce genre de remarques, car nous sommes forcément au courant. Mais quand on a un bébé, il faut savoir s’adapter à ses besoins. Et le petit dernier, comme son frère et sa soeur, a besoin d’être sur le ventre, collé contre nous. Quand je le pose seul dans son lit, même dans le cocoon qu’aucun des trois n’a aimé, il se met à hurler. Donc nous nous adaptons en mettant en place des règles de sécurité.
7- Le syndrome de la mère parfaite
Oui il faudrait se reposer dès que le bébé s’endort, mais quelle maman y parvient alors qu’il y a une machine à lancer, le salon à ranger, des papiers à remplir ?
On voudrait que tout soit parfait quand on reçoit de la visite notamment :
- une pièce bien rangée avec une bougie parfumée qui répand sa fragrance raffinée
- un bébé qui sort du bain, bien habillé, au visage paisible
- une maman pomponnée qui a la mine réjouie de celles que le bonheur inonde
- des cookies faits maison qui sortent du four pour accueillir nos hôtes
Mais quand on ne se fait pas aider, les choses ne peuvent pas en être ainsi, c’est tout bonnement impossible ! Donc oui, quand vous n’êtes pas aidée :
- Le linge sèche dans le salon, les papiers trainent partout, les poubelles sont à descendre
- Vous n’avez pas pu donner le bain au bébé qui voulait tout le temps téter. Vous présentez un petit crapaud tout rouge, en pyjama, qui se tortille et veut encore téter…
- A 14h vous n’êtes toujours pas habillée ni douchée
- Vous proposez les trois biscuits qui vous restent au fond du placard
J’ai réussi à écrire tout cela aujourd’hui, je ne pensais pas être si prolixe, et j’ai encore beaucoup de choses à dire ! N’hésitez pas à me dire si vous avez vécu cela, que je me sente moins seule
Voir aussi:
J'ai testé : la poussette Trip InglesinaLundi confidence !MilanL’article Attention maman fragile ! est apparu en premier sur Une parenthèse mode.