En ce début l'année 2017, le constat est clair : la mode n'est plus féminine ni même masculine. On confond les genres, on brouille les frontières, on se joue des codes pour les uns... mais à trop en jouer, certains autres prétendront à un retour aux classiques, étrangement tellement nouveau. Un drôle de paradoxe à expliquer. Heureusement, les créateurs sont là pour nous rassurer et nous donner des repères, nous apprendre que la mode est ouverte à tous et que l'on peut s'approprier une collection au-delà toutes les idées préconçues et de tous les préjugés.
Et pourquoi nous, jeunes filles parisiennes, ne porterions-nous pas ces bombers en velours de Sean Suen ou encore ces boots à fleurs brodées de Rynshu ? La mode sourit au monde et nous la valons le bien.
AvocEn cette fin de matinée glaciale, la fashion sphère s'affaire derrière les Halles. Au coeur du Marais, dans la célèbre boutique Kiliwatch, le jeune label parisien AVOC a présenté pour la deuxième saison sa collection homme dans le cadre de la fashion week masculine. Absolument unisexe (avec un nombre non négligeable de mannequins féminines), ce défilé donne le ton avec ces combinaisons aux lignes architecturales. Clin d'oeil à la culture populaire, on a décelé ici des références très " art déco " et là des touches plutôt futuristes. Un bon mix très maîtrisé. Chapeau !
https://www.avocparis.com/ WooyoungmiAlors que le soleil commencent déjà à se faire bien bas et à se cacher derrière les grands bâtiments historiques du boulevard Rochechouart, une foule s'impatientait au pied de Montmartre. Et pour cause ! Wooyoungmi avait choisi l'ancien club révolutionnaire de l'Elysée Montmartre pour présenter sa nouvelle collection pour l'hiver prochain. Pourtant, à première vue, cet endroit n'aurait pas pu être le lieu idéal pour une présentation de la très sage et discrète Madame Woo. En effet, symbole de la culture et du divertissement parisien des années 1850, l'Elysée Montmartre est l'incarnation du French cancan. Or, cette nouvelle collection masculine s'est révélée elle aussi pleine de frivolités : des dentelles et des froufrous sur les chemises, des volants en guise de finition des pantalons, ..! Sans aucun doute, Toulouse-Lautrec aurait été séduit par les créations à la fois " sages et sauvages" et hétéroclites du duo féminin mère-fille génial.
Coïncidence ? Madame Woo semble en effet s'être inspirée de l'allure d'un certain Oscar Wilde en s'appropriant les codes du dandysme anglais et de l'élégance vestimentaire victorienne... à la façon asiatique. On adore !
Chacun a ses habitudes. Et pour Henrik Vibskov, c'est le Westin Paris. A chaque saison, le rendez-vous est donné dans l'un des plus beaux salons de cet hôtel de la place Vendôme. Mais, aucun des défilés ne se ressemble et on salue toujours le coup de baguette magique que jette le créateur sur l'espace pour créer une ambiance très spécifique. Cette saison, Henrik Vibskov s'est inspiré du milieu du sport et plus particulièrement du yoga. Fasciné par l'idée d'un équilibre fusionnel entre l'esprit et le corps, le Danois a présenté une collection faite pour ceux et celles qui se sentent bien dans leur corps comme dans leur âme. Prônant le bonheur comme maître du mouvement corporel, il signe des vestes, pantalons, manteaux en jacquard, laine, coton anglais, des chaussures en plastique et même des boucles d'oreilles façon " Marsupilami " qui dansent sur les silhouettes des mannequins aux physiques très différents et atypiques. Clin d'oeil à l'innovation et à l'art abstrait, Henrik nous a livré un hymne audacieux et décalé à la joie de vivre (dont la mode reste une clé ...).
Youjia JinConnaissez-vous Youjia Jin ? Connaissez-vous Elephant Paname ? Non ? Et bien, voici deux nouveautés que la rédaction vous fait découvrir. Tout d'abord, partons à la rencontre de Youjia Jin. A travers une magnifique performance artistique dans un foyer de la danse parisien (dans le quartier de l'Opéra), cette jeune créatrice chinoise a signé une collection hivernale très sensuelle, originale, unique et sensible. Sa créativité se résume en une silhouette fragile, ouverte à diverses influences, polyvalente et sans limite. Pourtant, c'est un univers bi-polaire que l'on découvre avec des pièces en noir et blanc, essentiellement. La légèreté des drapés et les matières fluides rythment cette nouvelle collection sur une partition sans faute note. On aime les coupes droites et efficaces pour une allure parfaite en un seul geste (mais le bon). Ensuite, découvrons l'espace Elephant Paname : ancien hôtel particulier laissé à l'abandon devenu maison de la danse et des arts du spectacle vivant. On est tombée sous le charme du foyer et de la galerie aux étages avec ces stucs, ces fresques en médaillons et ces faux plafonds ! Tellement d'un autre siècle et pourtant parfait pour accueillir la performance d'une jeune créatrice pleine d'avenir... Bravo Youjia Jin.
Dans le sacro-saint des palaces parisiens - au Meurice- , Yamaji Rynshu a rené de ses cendres en plongeant dans ses racines japonaises. A travers cette collection A/H 2017, très feutrée, le créateur n'a laissé échapper aucun détail : broderies en " petits galets ", motifs de fleur de coton, drapés de laine, et même des touches de perles en Swarovski... Sublime pour une saison que Rynshu a marqué du signe du kimono - le grand retour. L'interprétant à sa manière, le créateur magnifie cette tenue traditionnelle avec un système de boutons alignés à l'horizontale pour un effet d'ampleur et de décontraction. Son secret ? Rynshu a utilisé les manches dites " Tomesodé " pour en faire des poches ! Magistral.
Sean SuenPalais de Tokyo. Espace Yoyo. Le décor est planté pour accueillir pour la seconde saison la collection masculine de Sean Suen. Indéniablement, ce créateur est l'un de nos coups de coeur de ce week-end fashion. Pourquoi ? Parce que Sean Suen est un maître des trois dimensions qu'il réussit à mettre en forme à travers l'accumulation ingénieuse de différentes pièces. Parce que Sean Suen a présenté une collection plutôt class(ique) qui marie le graphique rebelle et les influences de la sous-culture avec les codes esthétiques de la génération 50's. Parce que Sean Suen est (comme nous) obsédé par les matières et ne lésine pas sur les vestes, bombers et doudounes en cuir, en velours, en fourrure, en cachemire... Tout ce qu'on aime !