La mort des blogs ?

Cela fait plusieurs mois que je me pose des questions sur la (sur)vie des blogs… Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils me semblent très nettement concurrencés – voire tués – par d’autres réseaux émergents, Youtube et Instagram notamment.capture-decran-2017-01-09-a-19-32-28

J’aimerais voir tout ce petit monde cohabiter, se compléter, mais puisque l’offre est immense et le temps restreint, nous nous tournons de plus en plus vers l’information immédiate, l’instantanéité. Ce n’est pas un comportement que je réprouve, je suis la première à l’adopter !

I Combien de fois ai-je liké un article sur Facebook après en avoir seulement lu le titre et les premières lignes ?4759487_3_74d0_facebook-s-apprete-a-tester-une-autre-p_7e0eb3ad6ed5dff2c383da46a41aad02

«C’est typique de la consommation d’information moderne, analyse Arnaud Legout, co-auteur d’une nouvelle étude menée par l’université de Colombia et l’Institut National Français. Les gens se forment une opinion basée sur un résumé, ou un résumé de résumés, sans aucun effort d’approfondissement.»

J’allais même vous écrire que je n’étais pas seule dans ce cas puisque nous serions 70% des utilisateurs de Facebook à avoir cette attitude… Mais en vérifiant si le chiffre était exact, j’ai réalisé qu’une fois de plus j’avais simplement « liké » le titre et retenu une fausse information :

Ils sont 46.000 à n’avoir rien vu venir… C’était le 4 juin 2016. Le site satirique mais non moins sérieux The Science Post publiait un article au titre plus qu’engageant: «Étude: 70% des utilisateurs de Facebook lisent seulement le titre des papiers scientifiques avant de les commenter».
46.000 personnes ont partagé ce papier qui n’en était pas un, rapporte The Washington Post. À l’intérieur: du faux-texte, du «lorem ipsum» comme on dit dans le jargon de l’imprimerie. À l’initiative de ce canular, un journaliste de la rédaction, exténué de voir défiler sur son écran d’ordinateur des dizaines et des dizaines de fausses études naïvement partagées. (source : Slate)

II Instagram

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Je passe de plus en plus de temps sur Instagram car j’ai pris goût à cet univers et à l’envie de faire de jolies photos qui s’inscrivent dans un univers que j’ai créé. J’en profite pour découvrir les comptes qui ont le plus de succès, je constate souvent qu‘un blog y est rattaché (l’information figure dans la « bio » du compte Instagram) mais je ne clique quasiment jamais sur le lien sauf si l’instagrammeuse nous renvoie spécifiquement à un article accrocheur, ce qui est rare.

En 2013, j’ai vu de nombreux blogs que j’aimais se fermer et la blogueuse se tourner vers Instagram. Je ne comprenais pas pourquoi, mes blogs fétiches me manquaient et mon téléphone ne me permettait pas d’installer l’application ! Puis j’ai fini par saisir l’intérêt pour ces blogueuses à succès : Instagram demande beaucoup moins de travail qu’un blog et les bénéfices sont devenus rapidement les mêmes, voire supérieurs, car leur communauté les a suivies sur l’application.

Je pense en premier lieu à Audrey du blog Sushi Pedro que j’adorais car elle avait de jolis looks, portables dans la vraie vie, avec toujours la petite touche en plus. Je ne critique pas du tout le fait qu’elle se soit tournée vers Instagram. Elle a eu raison et elle s’en sort très bien : ses looks sont toujours inspirants, elle prend le temps de répondre aux multiples questions qu’on lui pose à la moindre photo, son univers graphique est beau. L’engouement pour elle est même parfois fou, notamment quand on lui demande quelle est la marque de sa housse de couette qu’on aperçoit vaguement à l’arrière-plan ! Mais c’est pour moi un très bel exemple de réussite. Elle reçoit des cadeaux de marques prestigieuses, ne s’en cache pas et sait susciter l’envie car chaque pièce qu’elle porte est rapidement sold-out. Il faut dire qu’avec un chiffre de 349k followers, elle a de l’influence ! Mais la frontière entre l’envie et la jalousie est infime… et je pense que beaucoup de filles sont jalouses à force de voir à quel point certaines croulent sous les cadeaux.capture-decran-2017-01-09-a-19-01-55

Inspiration ? Envie ? Jalousie ?

Je m’étais d’ailleurs fait la réflexion dans cet article sur Snapchat, un réseau social qui me met profondément mal à l’aise. Et même moi, qui reçois pourtant des cadeaux pour mon blog, il m’arrive d’être envieuse ! Récemment j’ai suivi une blogueuse/youtubeuse qui déballe quotidiennement tous ses colis en direct, et pas des moindres : Chanel, Zadig & Voltaire, Dolce & Gabbana, Cacharel, Vuitton… Elle semble très sympathique par ailleurs, mais j’avais à chaque fois des sentiments négatifs, qui ne me ressemblent pas, qui naissaient en moi. J’ai donc décidé d’arrêter de la suivre. Et dans ces cas-là je me raisonne tout de suite : ai-je vraiment envie de cette pochette que je ne porterais pas, de ce parfum que je trouve écoeurant ? serais-je plus heureuse en croulant sous ces objets ? La réponse est invariablement « non ». Il y a même certaines périodes de l’année où je suis plus gâtée que d’autres, où j’ai des produits de beauté à ne plus savoir qu’en faire, et cela m’angoisse plus qu’autre chose ! Comment tester tout cela ? Comment satisfaire les marques mais garder mon intégrité et mon naturel pour parler avec franchise des produits ? J’ai trouvé la solution : je ne parle pas de tout, et seulement de ce que j’aime vraiment.

Les dérives

J’étais certaine que j’allais trop développer car le sujet m’intéresse et me questionne énormément en ce moment. Mais cela me fait du bien d’en parler. Je ressens une véritable dérive :

  • des blogueuses/youtubeuses/instagrammeuses toujours plus gâtées
  • des blogs qui s’ouvrent par milliers dans l’espoir d’avoir des partenariats cadeaux
  • des lectrices  spectatrices lassées de ce grand déballage matérialiste. Je parle volontairement de spectatrices car il y a de moins en moins de textes à lire. Tout passe désormais par l’image (Instagram), la vidéo travaillée (Youtube) et la vidéo instantanée (Snapchat)

Je ne critique pas les youtubeuses car c’est un travail que de se filmer, faire des tutoriels, des montages soignés, trouver des thèmes inspirants… De même, certaines ont su créer un très bel univers sur Instagram, avec un thème cohérent, de belles mises en scène, des looks inspirants… J’ai d’ailleurs découvert un compte qui a beaucoup de succès, celui de Elles en parlent. Et je comprends le fait qu’elle ait beaucoup de followers : beaucoup de douceur émane de son compte, elle prend le temps de répondre à ses lectrices, elle fait part de ses failles et de ses questionnements. Elle explique d’ailleurs que son compte n’en est pas arrivé là par hasard : il y a un vrai travail photographique et scénique derrière tout cela.

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Ce que j’aime par dessus tout, c’est qu’elle partage ses astuces et ses conseils, avec beaucoup de bienveillance. Je les ai d’ailleurs lus avec attention, ai tenté d’en appliquer certains, mais je crois que mon compte Instagram ne décollera pas. Je me suis fait une raison et ne vais pas me gâcher la vie avec ça. Il y a désormais beaucoup trop de personnes inscrites, comment se démarquer ? Et surtout pourquoi ? Là est la vraie raison. J’ai toujours mon blog, auquel je tiens beaucoup car c’est l’univers que j’ai su créer et où je peux développer mes propos. Une telle logorrhée  réflexion n’aurait jamais eu lieu sur Instagram. Ce n’est peut-être pas plus mal me direz-vous, vous qui avez les yeux qui piquent à force de voir mon texte défiler et ne plus en finir 😀

Pour finir sur Instagram et ses dérives, voici un article éloquent, extrait du dernier ELLE et vu sur Instagram (merci France) :capture-decran-2017-01-09-a-17-12-25

L’élément déclencheur

Mais si j’en viens à traiter ce sujet, qui me taraude depuis longtemps, c’est que j’ai eu un élément déclencheur qui m’a fait me remettre en question et me demander si mon blog n’était pas has-been.

En effet, au mois d’octobre j’ai été contactée par deux grands groupes de cosmétiques pour faire des vidéos tout en étant rémunérée ! Pour l’une il s’agissait de parler cheveux dans un but publicitaire, et la rémunération était de 2500 euros pour quelques jours de tournage ! Attrayant n’est-ce pas ? Mais je n’ai pas été retenue, je crois que nous avions été très nombreuses à être contactée et je n’avais pas fait d’efforts particuliers pour me démarquer. Il fallait que je parle pas Skype, et vu comme je suis mal à l’aise au téléphone, vous pouvez imaginer ce que ça donne par Skype : rouge, transpirante… Mais cela ne m’a pas affectée du tout.

En revanche, pour l’autre proposition, où le travail consistait à publier deux vidéos et répondre aux commentaires (la rémunération était de 400 euros je crois), pour un groupe de cosmétiques très connu (le plus connu même) j’ai ressenti une vive déception. Lors de l’entretien téléphonique (là aussi j’ai pris sur moi) je semblais correspondre parfaitement au profil recherché. Les chiffres de visites sur mon blog étaient bons. Ce n’est pas du tout une donnée que je regarde souvent, je ne le fais que lorsqu’une agence me les demande, mais je suis à chaque fois agréablement surprise du nombre de visiteurs ! En revanche, lorsqu’on m’a demandé mon nombre de followers sur les réseaux sociaux, j’ai senti que ça bloquait. Mon interlocutrice était gênée, et m’a dit « Je vais voir mon chef et je vous rappelle ». Je suis passée du rang de candidate presque choisie à celui de « Mais c’est qui celle-là ? »

Evidemment, on m’a rappelée quelques minutes après pour me dire que ce ne serait pas possible à cause de ma grossesse ( ! ) mais je sais très bien que la raison était ailleurs.

  • Oui mon lectorat a plutôt la trentaine et, comme moi, se met en douceur aux différents réseaux, mais je ne touche pas des hordes d’adolescentes accros à Youtube, Snapchat (surtout) et Instagram.
  • Non je n’ai pas mis en place de stratégie pour développer mes réseaux sociaux
  • Non je ne peux pas passer des heures à commenter les différents comptes pour espérer des retours
  • Oui j’ai une petite communauté avec laquelle j’échange et cela me convient tout à fait

Mais par moments je suis découragée ! Quand je vois le nombre de blogs qui fleurissent : il y en aurait entre 15 et 20 millions en France, je me demande si le mien apporte vraiment quelque chose.

Les moins

  1. Quand je vois des blogueuses partir en voyage, crouler sous les cadeaux et les posts rémunérés, j’ai des sentiments négatifs qui me déplaisent.
  2. Quand je vois le copinage et l’hypocrisie qui règnent dans ce milieu, j’ai parfois envie de tout laisser tomber car je ne sais pas jouer ce jeu-là. D’ailleurs il faut vraiment que je rédige un article sur « les coulisses du blog », je suis bien inspirée
  3. Quand je n’ai aucun commentaire sur un article que j’étais contente de publier, je me sens un peu seule…

Les plus

  1. Quand j’échange vraiment avec les lectrices.
  2. Quand je rencontre des blogueuses sympathiques, passionnées et sincères, et il y en a beaucoup !
  3. Quand j’échange par mails avec des RP enthousiastes et bienveillants
  4. Quand je fais de très belles découvertes grâce à mon blog, et que je peux les partager.

Conclusion :

  • Je ne veux surtout pas entrer dans la théorie selon laquelle Youtube et Instagram auraient tué les blogs. Il s’agit d’une évolution normale, qui correspond aux besoins actuels d’instantanéité.  Tous ces univers peuvent coexister et se compléter à mon avis. Cela me rappelle le débat journalistes / blogueurs. Combien de fois les journalistes ont-il accusé les blogueurs de tuer leur métier ? Or la démarche n’est absolument pas identique et chacun peut trouver sa place.
  • Je pense que les blogs ne sont pas encore morts ! La question se pose depuis des années et ils sont toujours là. Cela me rappelle tellement les Lettres Classiques : le latin et le grec sont menacés de disparition, mais ils sont toujours là, même malgré la « réforme du collège » qui leur a porté atteinte mais ne les a pas encore tués.

Ils résistent et sont toujours là, mais pour combien de temps ?

J’invite les copines blogueuses à ce questionnement : Miss Glamazone, Serenamente et Natieak. Et je vous encourage à aller visiter leur blog, elles incarnent les belles rencontres que j’ai pu faire grâce au mien !

Voir aussi:

Où va-t-on papa ?25 facts about meWhat's in... my bag

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