Librairie : Les deux pigeons, Alexandre Postel

Dans ma liste de souhaits pour mon anniversaire, je faisais part de mon envie de découvrir des livres sortis en septembre, à l’occasion de la rentrée littéraire. Puisque je n’en ai pas reçu (mon entourage me connait bien : je préfère qu’on m’offre des futilités ! ) je suis allée en choisir un. J’aime la littérature parisienne, cela peut paraître réducteur ou snob, mais c’est un fait.product_9782070179688_195x320

Ce qui m’a poussée à sélectionner ce roman :

  • le fait qu’il soit édité chez Gallimard : une valeur sûre et des couvertures que j’aime en raison de leur unité et de leur sobriété : ma collection sera parfaite dans ma future bibliothèque
  • le résumé : une histoire d’amour, des parisiens trentenaires
  • le titre m’a laissée perplexe : je ne l’ai pas trouvé joli mais prometteur avec son éventuel double sens (et c’est le cas )

L’auteur, Alexandre Postel, né en 1982, a publié deux romans précédemment : Un homme effacé (2013) et L’ascendant (2015) Tous deux ont été primés, un auteur prometteur donc.

Voici l’incipit :

Ils restaient toujours évasifs quant aux circonstances de leur rencontre ; interrogés sur ce point, ils échangeaient un regard et parlaient d’autre chose.

Le père de Dorothée les soupçonnait de s’être connus sur internet, par l’intermédiaire d’un site spécialisé. Lui ne faisait pas tant de mystères pour raconter sa rencontre avec sa femme : elle était hôtesse de l’air, il voyageait en classe affaires, l’avion survolait l’Islande quand il avait su que Patricia serait la mère de ses enfants ; tout l’enchantait, la coupe et et la couleur de l’uniforme, le chignon, le parfum, le grain de beauté que la jeune femme avait au coin de la bouche – et le soir même, il l’avait invitée dans le meilleur restaurant de New York. Ca, c’était romantique ! Mais les jeunes d’aujourd’hui ne savaient plus ce que c’était que l’amour, l’engagement, les responsabilités : narcissiques et connectés, ils changeaient de partenaire comme on change de chemise. Il ne donnait d’ailleurs pas cher du couple que sa fille formait avec Théodore. Qu’ils soient ensemble depuis déjà deux ans le surprenait ; son épouse commençait même à parler mariage.

Théodore et Dorothée, un couple de parisiens, s’interrogent  constamment : Comment se divertir ? se nourrir ? Comment s’occuper au mieux de son propre corps ?

Ils se soumettent à toutes les tendances, tout d’abord alimentaires : ils deviennent végétariens, passent au sans gluten. Puis, lassés de ne rien manger, ils se décident à devenir à nouveau carnivores et Dorothée décide de passer du temps aux fourneaux pour concocter des plats d’antan.

Puis elle se met à lire tout Modiano pendant que lui s’enflamme pour la politique. Ils regardent ensuite toutes les séries dont on leur vante tant les scénarios. Leur décoration leur paraît tout à coup d’un mauvais goût éhonté et ils décident de tout modifier en se pliant aux injonctions de la mode.

Ce roman d’un couple d’aujourd’hui est aussi une peinture de la société française des années 2000 et de la génération qui arrive alors à l’âge adulte : une génération « pigeonnée », dénigrée pour son manque d’ambition, mais, dans ce roman, formidablement attachante.

J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Alexandre Postel : fluide, claire, limpide, maîtrisée. J’ai d’ailleurs commandé L’homme effacé qui sera ma prochaine lecture.

Je vous souhaite un bon week-end, sous le signe de la lecture peut-être ?hqdefault-2

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