Rester chic des pieds en été : quelles chaussures pour homme porter quand il fait chaud ?
L’hiver est la saison préférée de ceux qui aiment s’habiller parce qu’elle autorise et invite à superposer les vêtements, à couvrir tout son corps, donc à modeler l’entièreté de sa silhouette avec des pièces structurées, opaques et lourdes. L’erreur classique, une fois l’été venu, est de chercher à reproduire cette élégance hivernale, en la transposant simplement à un climat plus doux, voire chaud.
Car n’oublions pas : l’élégance est une affaire d’adaptation ; être élégant, c’est être adapté à la situation. Du coup, si vous n’adoptez pas une garde-robe spécifique pour l’été, vous aurez chaud, trop chaud ; vous transpirerez, vous serez rouge et trempé, et vous finirez par haïr ce beau pantalon en flanelle de laine ou ces bottines si robustes en cuir lisse. Ceci vaut aussi, évidemment, pour les chaussures.L’adaptation s’y joue à des échelles plus subtiles que pour les vêtements ; ces derniers, par les matières qu’on utilise pour les couper, sont souvent spécifiques de l’été, de l’hiver ou de la demi-saison, et se superposent en couches qu’il est facile de retirer en cas de variations de température. Or, rien de pire, en cas de coup de chaleur, que de se sentir prisonnier de souliers qui enferment le pied, l’étouffent et le cuisent à l’étuvée.
Voici quelques conseils simples pour choisir au mieux ses chaussures pour l’été.
Jouez sur les matières
Rien de plus élégant que des Richelieu ou des derbys en cuir tressé. Cette technique permet à la fois une grande aération et une certaine élasticité de la chaussure. Outre son aspect esthétique indéniablement plein de raffinement et d’originalité, la chaussure en cuir tressé est extrêmement confortable. On la porte avec des chaussettes fines ou pieds nus. Si certaines marques se lancent de manière ponctuelle dans la réédition de modèles classiques, préférez la recherche personnelle de modèles anciens jamais portés. Pour ce faire, rendez-vous par exemple dans un magasin de destockage d’anciennes collections, comme Matthys en Belgique, qui propose des lots « neufs » de chaussures tressées des années 1930 à 1970, italiennes et anglaises, à des prix imbattables.
Si vous avez de la peine à trouver, rappelez-vous régulièrement que votre élégance passe aussi par la rareté de vos accessoires, et donc par la difficulté de leur trouvaille. Évitez de porter des chaussures trouvées dans des magasins de seconde main. La voûte plantaire étant différente selon les individus, vous risqueriez de vous faire mal au dos, au genou et à la cheville, sans compter le risque hygiénique évident.
La toile est un matériau utilisé depuis des siècles pour confectionner des chaussures souples, aérées et légères. Aujourd’hui plébiscitée dans le sportswear, la toile est aussi utilisée pour confectionner des chaussures plus classiques, comme la Derby, ou la Desert Boot. Une couleur unie et accordée aux vêtements pourra faire l’affaire. Soyez vigilant, ce type de modèles est très répandu et souvent de mauvaise qualité. Nous ne reviendrons pas sur certains modèles en toile exclusivement réservés à un usage très décontracté, à la mer ou en vacances à la campagne : espadrilles, tennis genre Vans ou Bensimon, qui se déforment, se détissent, dont la couleur varie très rapidement et qui finissent par s’affaisser complètement.
On trouve néanmoins, depuis quelques années, un modèle d’espadrille plus acceptable dans un cadre citadin ; il s’agit à l’origine de chaussures de jardinage, vendus dans les magasins spécialisés. Composés d’une tige en toile ajourée et d’une semelle en corde, souvent vulcanisés caoutchouc sur les bords et dotés d’élastiques type loafers, ces souliers à l’allure assez décontractée offrent cependant une ligne relativement raffinée, idéale pour un soir de semaine, entre amis, à la terrasse d’un café baigné des dernières lueurs du soleil.
Misez sur les chaussures basses
En été, comme pour les vêtements, l’idée est de se couvrir le moins possible. Privilégiez donc les modèles bas, et/ou ceux qui se portent sans chaussettes – ou avec des chaussettes invisibles, très basses. Les derbys, les Richelieu, les desert boots font partie de ces chaussures relativement aérées, qui laissent la cheville respirer. Les mocassins sont très adaptés à l’été ; faciles à enfiler, ils laissent découverte une partie du cou-de-pied, et libèrent aussi la cheville. Comme leur cousin la chaussure-bateau, ils sont néanmoins marqués par une image très classique, qui peut leur donner un air plutôt désuet – à moins que d’autres détails de la tenue ne viennent les rehausser.
Je portais par exemple une paire de mocassins colorés dans ce look.
Le cas des sandales
Les sandales sont recommandées, hors du cadre professionnel, si elles remplissent quelques conditions.
Elles doivent être coupées dans un cuir de bonne qualité, s’attacher à l’aide de boucles métalliques, et relever d’un design épuré, à la manière d’une sandale antique ou ecclésiastique. Exit donc, les sandales en toile, à semelle plastique, à Velcro, les spartiates au design trop compliqué, et donc trop féminin, les couleurs trop éloignées du noir ou du cuir naturel… Une fois trouvée la paire de sandales idéale, assurez-vous que vos pieds soient soignés, vos ongles coupés, votre peau hydratée. Rien de plus agréable que la caresse de l’air par une chaude journée d’été.
Pointu, tendance, très présent chez les représentants mâles du monde de la mode, le concept des chaussettes dans les sandales fait son apparition cet été. On aperçoit même certains intrépides porter leurs mules Birkenstock avec des chaussettes blanches ; cette tendance, qui reprend avec ironie le cliché du touriste allemand en randonnée, ou celui du petit curé de campagne, ne s’applique que si vous êtes vous-même un représentant de cette tribu. Ou que vous avez envie de vous initier au style du Normcore. Vous êtes prévenu.
Surtout, n’oubliez pas que ces conseils sont à transgresser. Libre à vous de suer dans vos boots lors de votre prochain voyage à Pompéi, de porter vos sandales de plage en plastique dans les rues de Paris, quitte à glisser sur des petits caillots noirs gluants au bout de quelques pas, et même de porter vos Nike en maille fabriquées en Chine et portées par l’autre moitié de la planète.
Toujours sur le même sujet, vous pouvez lire l’article de GQ sur le sujet, ou celui du Figaro Lifestyle.