"Avec la délicatesse d'une fleur, elles manient le pinceau, s'adonnent au chant, à la danse, à la poésie et à la cérémonie du thé. Elles sont là pour satisfaire l'homme sans jamais tomber dans la prostitution." Hélène Bayou
Après, près de neuf articles sur la beauté des femmes en Occident, sur les plus belles reines et courtisanes, je vous emmène découvrir la beauté du monde des fleurs et des saules, celle des Geishas.
Au Japon, on a longtemps affirmé qu'il existait au sein de la société japonaise trois catégories: celle de l'homme, celle de la femme et celle de la geisha. Cette femme qui n'est ni une épouse ni une maîtresse a, pour de nombreux occidentaux, un rôle confus et subit une réputation erronée.
Souvent objet de fantasme, la Geisha n'est en réalité ni une prostituée ni même une courtisane mais une femme d'art qui, selon Mineko Iwasaki, "doit avoir la délicatesse d'une fleur ainsi que la force et la souplesse d'un saule". Et pourtant, paradoxalement, un mécène, le danna , qui protège la Geisha et rembourse ses dettes peut bénéficier de certaines faveurs sexuelles.
Geisha et prostituée pouvaient se côtoyer dans ce "monde des fleurs et des saules", dans ce quartier des plaisir, au sein d'une même maison de thé, d'un même quartier, sous une apparence semblable, peut-être raison de cette confusion entre les deux mondes, un monde souvent mal compris des occidentaux. Si depuis le XVIIIe siècle la prostitution est interdite aux Geisha, certaines d'entre elles, dans l'après guerre ont parfois eu recours à la prostitution rendent d'avantage étroit le frontière entre ces deux mondes.
Oiran - courtisane de l'époque Edo
Différence entre Geisha, Geiko ou Maiko:
Nous connaissons tous le terme de "geisha" et pourtant, cette dame de compagnie peut également se nommer Geiko ou Maiko.
La Geisha (芸者) se compose de deux kanjis (芸) "gei" signifiant art et (者) "sha" signifiant personne ou pratiquant autrement dit, une personne qui pratique l'art. Les geisha sont donc des expertes des arts traditionnels japonais tel que la musique, la danse, le chant ou encore la cérémonie du thé.
Les Geiko (芸妓) sont les geishas de la région de Kyoto considérées comme les plus prestigieuses du Japon.
Geisha et Geiko sont ainsi des professionnels. A contrario, on appelle apprentie geisha, "Maiko" (舞妓).
La Maiko désigne "la fille qui danse" de l'ouest du Japon, elle suit une formation de cinq années avant de devenir une geiko. A Tokyo, on lui préfère le terme de "Hangyoku" ou "Oshaku".
Aujourd'hui ce long et fastidieux enseignement émane d'une démarche volontaire des jeunes filles; néanmoins, ces jeunes filles doivent entrer en contacte avec la mère d'une okiya (maison de geishas), l'"okasan" qui accepte ou non de la prendre en charge et ainsi d'assurer les frais de son apprentie.
Autrefois, ces maiko émanaient de familles modestes qui vendaient leurs enfants; les okiya veillaient en retour à l'éducation de ces fillettes et leur donnait le gîte et le couvert.
Comme après tout apprentissage, la maiko ne devient geiko qu'à la suite d'un examen comportant sur les matières artistiques pour lesquelles elle est formée.
Geiko et maiko sont différenciables à travers leur maquillage, leur coiffure mais également leurs kimonos.
Maiko - première année
Geiko/Geisha au premier plan - Maiko au second plan
Le maquillage
Distinction entre geiko et maiko passe avant tout par le rouge à lèvre. Maikos n'ont, la première année de leur apprentissage, que la lèvre inférieure de teint en rouge; ce n'est que les années suivantes qu'elles pourront peindre les deux lèvres à l'image de leurs aînées.
La particularité du maquillage des geishas réside dans la peinture blanche, oshiroi, une poudre à base de riz mélangé à de l'eau qu'elles appliquent après une huile protectrice, le bintsuke-abura, sur le visage, la nuque et le dos. Le blanc a toujours été au Japon signe de beauté reflétant ainsi bien être et pureté.
Mais ce n'est pas l'unique raison de l'utilisation du blanc par les geishas; on relate que l’oshiroi permettait de mieux distinguer les visages à la lueur des bougies le soir venu.
Outre le visage, le dos et la nuque sont entièrement immaculés de blanc. En effet, selon les canons d'autrefois, une nuque longue et fine représentait la beauté; une illusion ainsi provoquée par ce maquillage . Le décolleté arrière est par ailleurs l'un des secrets de séduction des geisha; en effet, au Japon, le cou dénudé est très érotique, on dit qu'un homme japonais regarde chez une femme, d'abord la gorge et la nuque. C'est pourquoi les Geishas laissent apparaitre entre leur peinture une partie dénudée dont le motif se nomme sansbon-ashi.
Outre les lèvres, les yeux et les sourcils sont maquillés de rose et de rouge tracés à l'aide d'un bâtonnet de charbon de paulownia.
Le maquillage s’atténue avec l'âge de la Geisha, en fin de carrières certaines ne portent presque plus de maquillage hormis pour des occasions exceptionnels.
Coiffure
L'une des marques de distinction entre geishas et apprenties geisha réside dans leur coiffure.
L'une porte une perruque, l'autre un chignon traditionnel japonais. En effet, les coiffures des apprenties sont réalisées à partir de leurs propres cheveux marquant une démarcation avec le maquillage blanc. Elle doit tenir au moins une semaine et, pour que celle-ci dure le plus longtemps possible, les maiko doivent dormir sur un repose nuque, la takamakura, un oreiller constitué d'un coussinet rectangulaire posé sur un socle en bois laqué. Mineko Iwasaki, célèbre geisha du XXe siècle dont la vie à inspirer Arthur GOLDBERG pour son roman Mémoire d'une Geisha dit à ce sujet: "A l'okiya, les bonnes ont un truc pour éviter que l'on repousse cet objet inconfortable durant le sommeil, elles saupoudrent de son riz le drap du futon tout autour, de sorte que si par malheur on pose la tête par terre, cette poudre brune se colle tellement aux cheveux que l'on n'a plus qu'à retourner chez le coiffeur".
Ces coiffures élaborées par des coiffeurs spécialisées nécessitent l'utilisation d'une huile afin de donner de l'éclat aux cheveux puis de la cire pour faire tenir la forme souhaitée. Cette forme s'obtient après un important travail sur le cheveu en le tirant vers le sommet du crâne ce qui causait autrefois une calvitie aux geishas en fin de carrière. Un problème qui tend aujourd'hui à disparaître par l'utilisation de la perruque lorsque les Geishas sont au sommet de leur art mais également parce que les jeunes filles commencent leur apprentissage plus tardivement.
La première et plus connue des coiffures de la maiko est le wareshinobu, dit "pêche fendue", un chignon divisé en deux au milieu duquel on attache un konoko, une étoffe de soie rouge.
Plus la maiko ou la geisha prennent de l'expérience et moins il y a d'épingles ornementales ou de fleurs dans leur coiffure; les geishas ne portent par ailleurs plus de hana-kanzashi, épingles d'ornementales fleuris.
wareshinobu
Les kimonosLe kimono de soie fait parti de l'élément essentiel de la garde de robe de la Geisha et de la Maiko. Il est financé par l'okiya ou peut faire l'objet d'un cadeau par le damma, ceux-ci étant extrêmement couteux (de 5 000 à 9 000 euros pour les plus abordables) car peint et cousus à la main.
Le kimono de la maiko se nomme hikizuri, A la différence du costume traditionnel celui-ci est pourvu d'une traîne arrondie ainsi que de longues manches lorsque porté par la Maiko et de manches courtes (semblable à celui des femmes mariés) pour les geishas.
L'obi, la ceinture du kimono peut quant à lui mesurer jusqu'à cinq mètres et est noué différemment en fonction du statut de la geisha ou de sa région. A Kyoto ou Nara le obi des maiko tombe jusqu'aux chevilles, celui des geikos est plus court et porté en "noeud de tambour".
La couleur du kimono varie en fonction de l'âge et de la saison. Là où les kimonos des apprenties affichent des couleurs voyantes et des motifs couvrant sa surface, les kimonos des geishas offrent des couleurs et des motifs plus subtils.
Outre la couleur, le kimono est plus ou moins épais selon la saison. En été le kimono, ro, est en gaze de soie, en automne le kimono hitoe en soie non doublée et en hiver, le kimono awase, est doublé de crêpe.
Pour les sous-vêtements, les geishas portent un "couvre-hanches" un koshimaki, un tissu fin porté autour des hanches suivi d'une combinaison celle-ci devant être en harmonie avec les couleurs du kimono porté car visible au niveau du col et des chevilles.
Ce col doit être rouge pour la maiko, cette couleur étant associé à l'enfance et, blanc pour la geisha. Il est traditionnellement cousu chaque matin à la combinaison puis, décousu le soir.
Au pied, geishas et maikos portent des chaussettes, tabi ainsi que, pour les maikos, Okobo">des okobo, sandales de bois très épaisses qui diminuent en épaisseur au fur et à mesure de l’avancée de l’apprentissage afin de devenir des sandales de bois fines que portent les geishas, zori.
Bibliographie: Ma vie de geisha de mineko iwasaki - biographieLe monde secret des geishas de Lesley Dawner - connaitre l'histoire et pénétrer dans le monde des geishasGeishas sur Wikipedia
Photos:
internet
Obi Maiko et Geisha