Librairie : Les passants de Lisbonne, Philippe Besson

J’ai fini ce roman aujourd’hui, et j’ai eu envie de vous en parler immédiatement. J’ai toujours aimé les romans de Philippe Besson, mais celui-ci est particulièrement touchant.amants-lisbonne-besson

Un homme et une femme, accablés de solitude et de chagrin, se rencontrent dans la fraîcheur climatisée d’un hôtel lisboète. C’est Matthieu, intrigué par le rituel immuable de cette femme, qui l’aborde avec une question sans ambages :  » Pardon mais puis-je vous demander ce que vous faites à Lisbonne ? «  Elle lui répond, sans étonnement :  » Je tue le temps. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? « 

Hélène lui livre assez facilement la raison de ce désoeuvrement : son mari est mort dans le tsunami survenu à Los Angeles. Sa vie de veuve n’a plus de sens, elle tente d’y trouver un intérêt mais désespère de pouvoir revivre vraiment un jour, car elle aime toujours celui qui est mort dans le cataclysme, sans que son corps ne lui soit d’ailleurs jamais revenu :  » Pourquoi les amours ne meurent-elles pas de la mort de l’un des deux ?  »

C’est un roman qui donne envie de se promener dans Lisbonne, de profiter de chaque instant de bonheur, de remercier ceux qui veulent vous aider, de se laisser aller au hasard d’une belle rencontre…

Le roman s’ouvre par une citation de Fernando Pessoa, le célèbre poète portugais dont il est également question dans le roman et qui fait douloureusement écho en moi :

Quand viendra le printemps,

Si je suis déjà mort,

Les fleurs fleuriront de la même manière

Et les arbres n’en seront pas moins verts

Qu’au printemps dernier.

La réalité n’a pas besoin de moi.

Voici l’incipit à présent :

  Il traverse le hall de l’hôtel, d’un pas lent. Il a marché tout l’après-midi, au hasard des rues de la ville-labyrinthe, aux heures les plus violentes. Il rentre à peine, la chaleur du dehors pèse encore sur ses épaules, l’obligeant à cette lenteur. Heureusement, l’établissement, malgré ses salons décorés de brocart et de velours, ses lustres en cristal et son élégance surannée, baigne dans une fraîcheur moderne, artificielle, qui devrait soulager l’épuisement d’une promenade sous un soleil éreintant. Il a pris soin de porter des vêtements légers, des couleurs claires, mais le tissu colle à son dos humide, il songe qu’il lui faudra plusieurs minutes pour se débarrasser de la moiteur. Il s’arrête au pied de l’escalier et jette machinalement un coup d’oeil vers le jardin intérieur à ciel ouvert. La femme brune est là, comme chaque jour. Elle est assise dans un des fauteuils, laissant traîner un magazine sur la table basse à côté d’elle, ne touchant pas au verre qu’elle a commandé. Elle a les yeux perdus dans le vide.

Il voit cela, la fixité du regard, la cécité du regard.

Les passants de Lisbonne, Philippe Besson, édité chez Juliiard. Mon coup de coeur de la semaine <3besson-passants-lisbonne

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