Le Clash Ciné #2 : Dheepan VS Much Loved

Publié le 13 octobre 2015 par Marine Escurier @marineescurier

Bonjour !

Aujourd’hui retour du Clash Ciné qui apparaît de temps en temps sur le blog, quand l’actualité cinématographique s’y prête. Le principe de ce type d’article est de comparer deux films sortis en même temps traitant de sujets similaires, du moins intéressant à rapprocher.

Clash Ciné #2 : une vérité ignorée

Ici je vais confronter d’un côté Dheepan et les immigrés, de l’autres Much Loved et les prostituées. Pas très rigolos certes mais je suis sĂťre qu’il y a quelque chose d’intéressant à en tirer. Deux minorités, deux tranches de la société complètement ignorées, deux situations honteuses dont personne ne veut parler. Voilà à quoi ses deux films nous font faire face, avec des images certes crues mais pour moi nécessaires, pour ne serait-ce que comprendre et connaitre ces gens.

1er Round  : le plus réaliste

Les deux, et pour le coup il ne faut pas chercher à les départager. La puissance de ces deux films c’est de montrer des situations qui sont vécues en ce moment même, par des gens à quelques kilomètres de chez nous, sans folie scénaristique. Oui, dans les citées de la banlieue parisienne des fusillades à balles réelles ont lieu dans la rue, oui non seulement des femmes se prostituent mais se font aussi taper dessus lorsqu’elle essaie de préserver un semblant de dignité. C’est pour cela que ces deux films ne sont pas tendre à regarder, ils appuient là où ça fait mal et nous pointent du doigt des moments qui n’aurait jamais dĂť exister. Peut-être que parfois, seule la fiction peut nous faire comprendre la réalité.

2ème Round : celui qui nous touche le plus

Pour moi c’est Dheepan qui gagne, de peu certes mais je ne sais pas, peut-être parce que ça se passe en France, que cela parle de la violence chez nous est non dans un ailleurs qui nous concerne moins. Je trouve que Much Loved s’attache moins aux personnages, les présente sous un angle moins nuancés que Dheepan. J’était plus secoué en sortant de Dheepan que Much Loved. Ce dernier m’a remué mais d’une manière différente, il m’a plus révolté que touché en fait.

3ème Round : celui qui balance le plus une réalité crue

Malgré toutes les scènes dures que l’on sait au combien réalistes dans la cité de Dheepan, Much Loved nous envoie à la figure une réalité tout autre. La cité, on ne sait pas mais on imagine, la prostitution, on imagine même pas. Les soirées des millionnaires à devoir faire semblant d’aimer ça, à rouler par terre pour récupérer des billets, à se faire constamment rabaisser. Le réalisateur le dit lui-même, les scènes d’humiliation ont été très dures à tourner, surtout lorsqu’on sait qu’elles sont toutes issues d’histoires vraies et que la prostitution est plus qu’interdite dans les pays musulmans.

4ème Round : l’histoire la plus intéressante

Dheepan ! Là où Much Loved nous livre une sorte de docu-fiction sans réelle scénario mais simplement en montrant le quotidien des prostituées, Dheepan met en scène une vraie intrigue basée autour d’un mensonge. En effet, la famille de Dheepan, réfugié Tamoul n’est pas sa vraie famille, ce n’est pas sa femme et ce n’est pas sa fille. Pourtant, ils vont tout faire pour essayer de survivre ensemble. Et contrairement à ce qu’on pourrait d’abord penser, ce n’est pas le voyage qui est le plus dur, mais l’intégration en arrivant en France. Et c’est là où je trouve l’histoire intéressante et marquante, le plus dur n’est pas là bas mais ici.

5ème Round : Le personnage le plus touchant

Noha de Much Loved. Prostituée qui gère d’une main de fer sa descente aux enfers, rejetée par sa famille à qui elle donne tout ce qu’elle gagne. Elle accepte l’humiliation en la regardant bien droit dans les yeux. Entre honte et fierté, ce personnage est incroyable et nous envoie une bonne dose d’humilité.

Verdict : Dheepan gagne mais pas de beaucoup. Les immigrés ou les prostituées, les gens savent mais préfèrent ignorer, ne pas s’attarder, ne pas regarder la honte et l’humiliation quotidienne dont la plupart sont victimes chaque jour. Parce qu’au fond c’est cela que ces deux films veulent nous faire prendre conscience, qu’il est hypocrite de détourner les yeux, qu’ils savent qu’on savent, et qu’ils savent qu’on ne fera rien. Ces films ne veulent pas forcément qu’on agisse, simplement qu’on arrête de faire comme si on ne savait pas. Contre l’hypocrisie silencieuse.