La beauté dans la Rome antique

Publié le 26 février 2015 par Lapenderiedanais @Lapenderiedanai


L'antiquité est sûrement de toutes les époques dont j'ai abordé dans cette rubrique celle la plus proche de notre conception la beauté.

L'esthétique à Rome passe par une hygiène irréprochable. Outre les plaisirs qu'elle apporte, par les massages, les bains et les cosmétiques, c'est d'avantage le devoir des citoyens romains ; un devoir qui permet à l'Homme de s'éloigner de l'animalité en maîtrisant et entretenant son corps. A contrario, celui qui n'accepte pas les contraintes apportées au corps est « sordidus » c'est à dire, inculte, sale et répugnant. Soigner son apparence devient un devoir à l'égard de soi-même mais également envers autrui. Les romains sont très sensibles aux odeurs corporelles et plus particulièrement, celles de la bouche et des aisselles. Dès lors, ne voulant pas incommoder les autres « une haleine désagréable ne sorte pas d'une bouche malodorante, et que l'odeur du mâle, père du troupeau, ne blesse pas les narines » « celle qui a l'haleine forte ne doit jamais parler à jeun, mais se tenir toujours à distance de l'homme auquel elle s'adresse » - Ovide Ie siècle avant et après J-C. 

L'hygiène bucco-dentaire est donc importante pour les romains où l'on apprécie de belles dents blanches.
Pour la blancheur et la solidité des dents définitives, les Romains utilisent des eaux et des poudres aux ingrédients divers et variés. 
Scribonius Largus invente l'ancêtre du dentifrice "un dentifricium quod splendidos facit dentes et confirmat" autrement dit, un remède qui permettrait de rende les dents d'un blanc brillant, mais qui les fasse également bien tenir comportant de la farine d'orge,du vinaigre, du miel brûlé, du sel minéral et huile de nard. Pline dans ses écrits relate, pour avoir de belles dents blanches, de se frotter les dents avec de l'halimon ou d'utiliser du nitre de calastre cuit avec du poireau et brûler pour rendre un joli blanc aux dents devnues sombres.
Et comme nous l'avons vu, une bonne haleine en plus de belles dents est indispensable, on conseille donc de se frotter la bouche avec un flocon de laine brute imbibé de miel, ou de la cendre de laine.

En effet, tous les soins apportés au corps sont placés sous les auspices de la Déesse Hygie, déesse protectrice de la santé, et dont provient le mot « hygiène ». Ainsi, dès la fin de la République le romain porte une grande attention à son apparence, ces pratiques s'entendent dans tout l'Empire connaissant certaines variantes en fonction des époques et des régions.

Mais l'apparence ne se limite pas à la propreté, pour les femmes les plus riches les bijoux ont une importance capitale. Elles portent de somptueuses parures faites de pierres précieuses et de perles imitant ainsi les femmes étrusques. Un tel luxe ne fut pas sans conséquences puisque durant la seconde guerre punique on promulgua la lex Oppia. Cette loi interdisait aux femmes de porter trop de bijoux et des vêtements de couleur afin de consacrer les richesses à la guerre plutôt qu'à la parure. S'ensuit des manifestations par les romaines afin de voir abroger cette loi mais également l'opposition ferme des sénateurs par peur de donner du poids politique aux femmes. Ceci dit, la loi finit par être abrogée au grand plaisir des femmes.

« Les trois quarts des charmes se trouvent dans des boîtes» Martial, poète romain blâme les femmes qui usent selon lui de bien trop d'artifice. Car si le maquillage est accepté il est également très controversé car« consistant à refaire la création de Dieu ».

A Rome, la beauté passe par une peau pâle à l'inverse des hommes qui arborent eux, une peau mâte signe de vie au grand air. C'est déjà une marque distinctive de l'aristocratie. Ainsi, elles appliquent de la craie ou du blanc de céruse pour avoir une peau blanche. Galien dénonce déjà la nocivité de ce fameux blanc de céruse. 
Pour faire ressortir cette pâleur et toujours dans un soucis de mettre en valeur des dents bien blanches, les lèvres et les joues doivent être rouge. Ces pigments, extraient par les teinturiers, qui colorent les joues, le teint et les trempes sont obtenus par le mercure, fucus, ocre rouge, souffre, de jus de mûr ou encore les mollusques. Ce qui explique leur prix considérable. 
Concernant les lèvres, on rapporte qu'elles étaient colorées de rouge ou de violet, néanmoins il subsiste un doute sur cette affirmation car on attribuait le rouge à lèvre à Rome comme en Grèce à la prostituée. Mystère demeure...
Quant au regard, il doit être noir, les yeux sont noircis à l'aide de Khôl fait à base de cendre et de safran. Elle ajoutent souvent un trait noir sous les yeux afin d'agrandir le regard. Les sourcils sont allongés et accentués au noir de fumée afin de donner l'impression d'un petit front, autre critère de beauté. On apprécie les grands cils fournis, signe de chasteté car tombant lorsque l'activité sexuelle est intense; on y applique une pâte à base de pétales de roses brûlées.
Pour les grandes occasions on ose les paillettes, extraient de cristaux broyés, elles se portent à merveille lors des festivités.
Toutes mascarades pour camoufler les imperfections ou rehausser le teint doivent être enfermées dans une boîte loin du regard de l'époux. Il y a des secrets qui ne se dévoilent pas...
Outre le maquillage, l'idéal de la femme romaine passe certains critères, une taille étroite, des hanches larges, des jambes longues et potelées ainsi qu'une longue chevelure. Si au fil des siècles les critères de beauté évolues, ce sont ces critères qui reviennent régulièrement.

A Rome les femmes comme les hommes se soumettent à la torture de l'épilation. Cela a de quoi surprendre! En effet, peut importe le sexe du citoyen romain, il s'épile aussi bien les jambes, le visage que les aisselles.
On utilisait pour se faire de la cire à base d'épine de pin ou plus simplement de la crème dépilatoire à base de colophane c'est à dire de résine de poix ou encore de bile animale. Parfois les femmes pouvaient se limiter à l'utilisation seule de la pince à épiler, semblable à la notre.
Ce procédé déjà douloureux, pouvait être poussé plus loin. Ainsi, Popée, compagne de Néron, s'épilait toutes les parties du corps, que ce soit les aisselles, les jambes, les bras, le nez ou encore la poitrine.
Certaines méthodes sont moins avouables notamment le sang de chauve-souris pour l'épilation des paupières.
Parfois montré du doigt car allant de paire avec l'acte sexuel, pour les jeunes hommes de la bourgeoisie c'était l'occasion d'avoir les jambes galbées.  Auguste usait lui aussi de l'épilation ce qui fit scandale et utilisait les technique permettant la repousse d'un poil noix comme la coquille de noix incandescente.

L'hygiène du corps a une part importante à Rome. La toilette intime pour les femmes et les enfants à lieu tous les jours sauf dans les campagnes où elle est plus rare.
Les plus aisés disposent par ailleurs de bains privés, les autres se rendent presque tous les jours aux thermes. Ces thermes sont mixtes et à partir d'Hadrien on impose des horaires en fonction du sexe.
Sur le modèle de Cléopâtre et de Popée, les femmes les plus riches prennent des bains au lait d'ânesse ou d'amande.
On utilisait pour se laver des éponges, des pierres ponces mais également les premiers savons ramenés de Gaulle à base de graisse de chèvre ou de cendre végétale.  Certains utilisent encore le fameux racloir en fer pour gratter la "crasse" lors des bains.
Ces méthodes agressives nécessitent d'enduite de corps de soins et pommades.
A Rome, chaque esclave possède un don, une compétence particulière ce qui permet aux femmes les plus fortuné de se doter d'esclaves chargés de la toilette dit "cosmetes". Ces derniers fabriquent les soins destinés au corps. En effet, les crèmes destinés à la beauté tout comme la maquillage sont des produits coûteux et souvent importés; il n'est donc pas à la porté de toutes les bourses et très souvent la romaine a recours à une fabrication "maison".
Les soins pour le corps et les visage sont nombreux; ainsi on trouve des crèmes pour tout: les rides, les boutons ou encore pour dissimuler les tâches de rousseurs. L'ingrédient principal reste l'huile souvent végétale ou le miel mais on y trouve des ingrédients plus incongru comme la bile d'animal, des lentilles, du placenta, des crustacés (mollusques), des excréments d'animaux, de la moelle. Parfois des ingrédients plus nocifs comme le plomb. 

Si les soins ou le maquillage peuvent être onéreux, toutes les femmes à Rome quelque soit leur fortune prennent soin de leur corps pour apparaître sous leur plus beau jour.

Bibliographie:Les femmes romaines au début de l'Empire - François GilbertDocumentaireLes secrets des romainsSite:http://www.histoire-pour-tous.fr/http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad/vol2/art03/corps.htm