Je finis aujourd’hui d’analyser les défilés qui m’ont plu à la Fashion Week de Londres. Bien qu’elle ait eu lieu il y a un mois déjà, les défilés annonçaient les tendances pour le printemps-été 2015. Par conséquent, je ne suis pas en retard et je me plais à parler encore de la saison estivale étant donné que l’hiver s’est déjà installé à Londres.
S’attarder sur la représentation de la mode
Le défilé Antipodium s’est déroulé dans une Eglise à l’architecture du 19eme siècle : la Swiss Church, à Covent Garden. J’ai trouvé l’idée très originale et bien pensée de présenter une collection dans une église : la mode partirait-elle aussi à la conquête de tous les lieux à l’heure d’une possible démocratisation ? Le designer Daniel Mcilwraith explique le choix de ce lieu par le fait qu’il voit la mode comme un sanctuaire d’émotions, un sanctuaire de créativité et d’art que l’on vénère. Cependant, cette présentation remet aussi en cause cette adoration. Cette vénération, adoration peut également être transposée à l’image de la femme qui est le thème central de la collection. Ainsi, la femme Antipodium partirait à la conquête de sa propre mode et de son propre monde tout en se plaçant sur un piédestal à l’image d’une déesse divine qui devine et enchante chacun d’entre nous. Les pièces androgynes et confortables de la collection laissent aussi penser que cette vénération s’adresse à la mode et son monde, en général : les femmes ne sont pas les seules à être en mission pour questionner la mode et sa représentation.
L’adoration de la mode remise en question
Le designer Daniel s’est inspiré des astronautes et des télévangélistes des années 1980 pour créer sa collection printemps-été 2015. Ainsi, la collection est également un questionnement sur la mode en tant que sanctuaire. Les pièces de chaque tenue sont plus pratiques et confortables que réellement travaillées en détails. Ainsi, la mode serait adorée pour le fait qu’elle soit mode ou pour le travail et la recherche artistiques des designers pour créer chaque nouvelle collection ? Je ne sais si cela faisait partie de la mise en scène, mais les mannequins avaient l’air ravies –ironie bonjour !- de se trouver dans cette église pour personnaliser cette collection, et, au final, personnaliser la mode… Les figures rebelles de chacune donnaient l’impression que la conquête de ce sanctuaire qu’est la mode ne sera pas si simple et qu’il demeure encore trop haut placé pour se considérer démocratique. En attendant, cela ne m’a pas du tout donné envie d’ « adorer » la mode. Malgré la « simplicité » des pièces, la créativité et la recherche artistique ne sont toutefois pas données à tout le monde, cependant, cela vaut-il une si grande adoration pour autant ? ….