Aérienne et intemporelle, la mode italienne fait l’objet d’une magnifique exposition au Victoria & Albert Museum de Londres. Cette exposition sur le « Glamour of the Italian Fashion » raconte l’histoire de la reconstruction industrielle et culturelle de l’Italie après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. Un magnifique voyage dans ce pays aux milles richesses, que je vous propose de parcourir avec mon article aujourd’hui.
La dolce vita des années 50 : une renaissance italienne moderne
Les années de fascisme de Mussolini ont forcé les Italiennes à s’habiller avec des créateurs italiens et non parisiens. Mariano Fortuny, Germana Marucelli, Sorelle Fontana : de nombreuses maisons de couture ont émergé afin de satisfaire la demande de clientes italiennes, glamour et coquettes, toujours prêtes a bien s’habiller. Après 1945, le comte Giovanni Battista Georgini organise les premiers défilés des maisons de couture italiennes à Florence pour mettre en lumière la beauté de la mode italienne et ses nouveaux créateurs. La dolce vita commence se met en scène pour attirer les clients du monde entier : cette élégance italienne semble tellement facile à vivre ! Elle se traduira par le sprezzatura masculin, qui représente l’élégance nonchalante des hommes italiens. Ceux-ci portent des costumes « sportwear habillé » aux coups épurées et matières souples et légères. La mode italienne exprime la personnalité italienne, sa chaleur, sa richesse, son élégance, son glamour qui la différencie de Paris et sa mode plus classique.
Cinecittà : les lumières hollywoodiennes
L’âge d’or de la mode italienne brille dans les années 50-60 avec Hollywood qui vient tourner ses films en Italie et met en scène la Dolce Vita de Fellini. Rome, et sa Cinecittà (un complexe de studios cinématographiques), devient alors le temple cinématographique des grands studios hollywoodiens. Audrey Hepburn dans Vacances Romaines, Elizabeth Taylor dans Cléopâtre, Ava Gardner, Anita Ekberg : le glamour italien est incarné par ces actrices de renom qui font connaitre la dolce vita italienne et son style de vie au monde entier. Ava Gardner habillée par les sœurs Fontana, Audrey Hepburn habillée par Fernanda Gattinoni, Marcello Mastroianni ou John Kennedy portent des tailleurs Brioni ou Zegna : les stars symbolisent et personnifient le glamour de la mode italienne.
Un savoir-faire unique italien : un pays, une culture, une mode
Ce qui m’a beaucoup c’est la façon dont l’exposition a mis en lumière la culture et l’histoire italienne qui sont inscrites dans toutes les créations de mode. Le savoir-faire italien est artisanal et chaque région a sa spécificité : le cuir se trouve en Toscane, la laine à Biella, la soie à Côme. Broderie, sequins, brocarts, perles : la mode italienne est bien plus qu’un style, ce sont aussi des techniques et des matières raffinées qui illustrent un savoir-faire traditionnel qui ne se perd pas. L’exposition a également mis en lumière le lien toujours très présent entre les créations et la culture italienne. Dolce&Gabbana se plaît à puiser dans ses racines siciliennes et s’inspire du monde paysan et aristocrate pour ses créations, quand Versace magnifie la religion et le Vatican rappelant les peintures de la Renaissance et leur opulence, le mouvement et sa décomposition, ainsi que la géométrisation des formes des créations Prada rappelle le mouvement Futuriste italien. Rome et Florence laisseront place à Milan en tant que capitale nationale de la mode dans les années 80. Artisanat, traditions, glamour : le « Made In Italy » identifie, défend et cultive les talents italiens, encore aujourd’hui.
L’exposition se finit sur un questionnement sur l’avenir de cette mode italienne à l’heure de la délocalisation et du gouvernement italien et sa fiscalité douteuse. Malgré ces incertitudes sur l’avenir de la mode italienne, le V&A nous a fait le portrait d’une mode glamour, sensuelle, fascinante conjuguant allure et charme, une mode à l’italienne, en soit…