Je continue aujourd’hui mon analyse des tableaux de la royauté pour mettre en lumière le lien entre la représentation du luxe à travers la peinture et la représentation du luxe à travers les publicités contemporaines des marques de luxe. J’avais déjà abordé ce sujet dans cette analyse de tableau ou cette analyse de publicité.
Vocabulaire du luxe : mise en scène de la femme
La princesse de Lamballe est à l’origine d’un chapeau de paille inventé en 1779 par Rose Bertin. En effet, la princesse était une des clientes attitrées de la modiste Rose Bertin. Celle-ci lui confectionna alors un chapeau de paille recouvert par une gaze blanche que la princesse porte sur ce tableau. On a pourtant l’impression qu’elle ne porte pas de chapeau et que seule une couronne de fleurs enrubannées est posée sur sa tête. La couronne exprime alors le rang social de la femme : c’est une princesse, elle ne peut donc porter une couronne en or, classique mais elle mérite d’être tout de même couronnée. Le peintre a représenté les cheveux de la femme de façon très réaliste, elle semble ne pas avoir de perruque et ces cheveux châtains clairs illustrent son jeune âge, une illustration reprise dans tout le tableau grâce aux couleurs roses et blanches qui expriment la pureté, la virginité et une douceur extrême. Le port des fleurs était très à la mode, la rose est d’ailleurs la fleur qui sied à la noblesse. Le chapeau de la princesse a aussi des myosotis et les feuilles des roses ajoutent de la douceur grâce à la couleur bleu pastel des myosotis. Le port de cette robe apporte un côté simple et naturel au portrait. Cet aspect naturel est repris par la coiffure qui semble naturelle et par la présence de la couronne fleurie. La femme et la rose ne semble faire qu’un : elles sont aussi délicates et raffinées l’une que l’autre. Les volants qui entourent le décolleté entrainent aussi un effet de légèreté et de grâce, repris par le fichu qui cache le profond décolleté. Le ruban noué au niveau de la poitrine rappelle les couleurs des roses du chapeau et les rubans que l’on aperçoit derrière le chapeau. Le ruban était un accessoire très à la mode qui servait aussi le langage amoureux. La princesse apparaît ici comme une vierge pure dont la jeunesse est représentée aussi par le ruban car cet accessoire était moins clinquant que les diamants ou les plumes portées par les femmes du monde. Le peintre a réussi à traduire en peinture cette jeunesse et cette légèreté grâce aux jeux de transparence notamment si on regarde la voilette, mais aussi si on observe les volants. La princesse apparaît alors très fraîche…comme la rose du matin !
Une femme, un regard, un spectateur
La princesse est représentée en position ¾ favorisant un effet de non-confrontation, son visage est doux et elle esquisse un sourire. Elle exprime de la sérénité et de la douceur ce qui permet au spectateur de ne pas se sentir rejeté. Cependant, elle reste une princesse et tient son rang car elle n’exprime en aucun cas une relation de proximité qu’elle souhaiterait établir avec le spectateur. Sa posture et son visage demeurent très dignes et droits malgré le léger mouvement du visage penché vers la droite. La princesse apparaît aussi bienveillante grâce à son mouvement du visage ce qui permet de toucher plus facilement le spectateur qui la trouvera « touchante ».