Je vous parle aujourd’hui d’une exposition que j’ai eu l’occasion d’aller voir lors d’un des mes séjours parisiens. Ce séjour m’a d’ailleurs aussi permis d’aller faire un tour à l’exposition d’Azzedine Alaïa au Musée Galliera. Je tenais absolument à voir cette exposition sur nos dessous car je trouvais le concept original.
Une histoire intime de nos dessous : l’histoire de notre relation au corps
La mécanique des dessous est une exposition aux Arts Décoratifs de Paris qui met en lumière l’histoire de notre lingerie du XIVème siècle à nos jours. J’ai trouvé cette rétrospective très intéressante, d’autant plus que chaque partie était précédée d’un encadré résumant l’histoire de la lingerie pour comprendre l’histoire de la relation au corps. Tailles serrées, gorges pigeonnantes, fesses rehaussées, seins aplatis, torses bombés, virilité poussée en rajoutant des formes aux braguettes ou aux mollets : la relation au corps est en réalité toujours la même. Il semble qu’il faut transformer ce corps car il n’est pas assez bien naturellement. Il suffit de voir aujourd’hui les soutiens-gorges push up pour les femmes, ou les body gainants qui reviennent à la mode pour effacer les rondeurs disgracieuses. Ce voyage à travers le temps m’a fait réaliser à quel point notre relation au corps est difficile : ce corps doit toujours être métamorphosé pour être sublimé selon les diktats de l’époque. Certains détails m’ont amusé comme ce rembourrage de braguette pour les hommes pour illustrer une virilité sans pareille. Certains détails m’ont choqué comme ces dessous d’enfants qui étaient déjà enfermé dans des « cages » dès leur enfance.
Une histoire des dessous qui traverse les époques
Faux-culs, paniers, crinolines, ceintures d’estomac, push up, rembourrage de braguettes et j’en passe : tous ces artifices sont des accessoires de mode qui servaient à embellir et sublimer un corps qu’on jugeait (et juge toujours) imparfait. Il est vrai que cette exposition met clairement en lumière les différentes époques et les différentes façons de s’habiller intimement. Les créateurs comme Jean-Paul Gaultier, Alexander McQueen ou Iris Van Herpen sont d’ailleurs les témoins de cette habilitation de la lingerie dans la mode Haute-Couture. Cependant, il faut reconnaître que nos vêtements contemporains sont plus confortables et plus agréables à porter… Les épaulettes ne reviennent pas à la mode ? Les push up ? Les body ? Les slips rembourrés ? Ces artifices intimes sont donc de retour et notamment dans les défilés de Haute-Couture. Le retour de la gaine est pour moi le plus marquant. La gaine est un accessoire féminin qui, certes, sculpte parfaitement la silhouette de la femme mais c’est aussi un accessoire qui enferme le corps et lui donne une forme qui n’est pas naturelle. Aujourd’hui on ne parle plus de « gaine » mais de « shapewear » ou « vêtement intelligent » car celui-ci agit efficacement sur les parties du corps qu’on souhaite sublimer : hanches, reins, fesses, poitrine… Ce que j’ai beaucoup aimé dans cette exposition c’est la façon dont elle expose les dessous intimes comme des échafaudages pour construire un nouveau corps et non comme l’accessoire sexy. Cette façon d’appréhender les dessous était totalement nouvelle pour moi et j’ai énormément appris sur la manière dont l’humain appréhendait et comprenait son corps à travers les époques.