Jérémie revient dans son village natal pour l’enterrement de son ancien patron, le boulanger du village. Il décide de rester quelques jours chez Martine, la veuve de ce dernier. Une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un prêtre aux intentions étranges font que le court séjour de Jérémie au village prend une tournure inattendue. 

Alain Giraudie :

Le titre Misèricorde s’est imposé pendant l’ecriture de ce scénario. Pour moi la Miséricorde plus que la question du pardon, c’est l’idée de l’empathie, de la compréhension de l’autre au-delà même de toute morale. C’est l’élan vers l’autre. C’est un mot désuet qu’on n’emploie plus beaucoup, et ça correspond très bien au film, à son côté intemporel, et surtout à l’un des grands personnages du film : le curé. Ici, plus encore que dans mes autres films, je me suis acharné à cultiver la part du mystère. 

Au démarrage du film, on se situe dans une ambiance froide d’un enterrement les personnages comme le décor semblent être figés dans un espace sans vie, les objets comme les visages assument le temps qui passe et s’en cachent pas, pourtant Jérémie paraît être l’intrus qui n’est pas à sa place, au point où son entourage se questionne sur sa présence et sa volonté de s’éterniser au village. 

On se questionne sur lui, son passé trouble et sa relation ambiguë avec Martine. Alain Giraudie se délecte de fausses pistes, et nous invitent sans cesse à participer à l’histoire qui se déroule sous nos yeux, sauf qu’il offre plusieurs interprétations de son scénario, à nous de trouver la bonne, même si au fur et à mesure l’évolution des personnages nous complique à trancher net, le doute persiste et s’impose. 

Le travail de photographie est d’une très grande sensibilité, les paysages sont sublimes et les couleurs magiques, une invitation à la poésie, qui dénote avec la réalité très troublante du film. L’oeuvre bénéficie d’une très belle et juste équilibre.

La merveilleuse, la fabuleuse Catherine Frot, nous illumine de son aura incroyable, dans le rôle des Martine, son jeu, où plutôt son double jeu, laisse penser un désir caché et un côté très mère poule protectrice, son génie a l’ecran rend son personnage lumineux. Sans oublier Jacques Develay, absolument extraordinaire en Abbé, drôle, sans filtre, il tire à balles réelles mais toute en élégance, il est clairement irrésistible et tient un rôle très important qu’il réussit haut la main. 

Également Félix Kysyl qui porte la responsabilité de Jérémie sur ses épaules et forment un duo explosif avec Jean-Baptiste Durand. 

Un long-métrage audacieux qui révèle une nouvelle La passion et le génie d’un cinéaste hors norme. 

Informations Pratiques : 

Titre : Miséricorde 

De : Alain Giraudie 

Avec : Catherine Frot, Félix Kysyl, Jean-Baptiste Durand 

Genre : Comédie, Policier 

Durée : 1h43

Distributeur : Les Films du Losange 

Date de sortie au cinéma : 16 octobre 2023 

Mitra Etemad