Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des événements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. À la maison, ses deux filles, Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence, tandis que sa femme, Najmeh, tente de ménager les deux camps. La paranoïa envahit Iman lorsque son arme de servic disparaît mystérieusement.
Le génie, le maître absolu du cinéma iranien, l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma perse Mohammed Rasoulof se confie :
Après Le Diable n’existe pas, mon précédent film (Ours d’Or au Festival de Berlin 2020), il m’a fallu quatre ans pour me lancer dans un nouveau projet. Au cours de ces années, j’ai écrit plusieurs scénarios, mais ce qui m’a finalement conduit vers Les Graines du figuier sauvage, c’est une nouvelle arrestation à l’été 2022. Cette fois mon expérience en prison à été singulière car elle a coïncidé avec le début du mouvement « Femme, Vie, Liberté» en Iran. Je suivais avec d’autres prisonniers politiques, les changements sociaux depuis l’intérieur de la prison. Alors que les manifestations prenaient une ampleur inattendue, nous étions stupéfaits par la portée des protestations et le courage des femmes.
Lorsque j’ai été libéré de prison, la question cruciale à été : sur quoi dois-je faire un film maintenant ? Elle occupait toutes mes pensées, j’ai pensé à une confession que m’avait faite un membre du personnel de l’ai prison d’Evin, et qui était restée gravée en moi : en pleine répression généralisée du mouvement « Femme, Vie, Liberté »alors qu’il visitait les cellules des prisonniers politiques, cet homme m’a pris à part pour me dire qu’il voulait se pendre devant l’entrée de la prison. Il s’ouffrait d’un intense remords et ne pouvait pas se libérer de la haine qu’il éprouvait pour son travail.
Il y a tout juste deux ans, une jeune femme iranienne nommée Jina Mahsa Amini à été sauvagement assaisonnée par le régime iranien qui voyait en elle une menace contre la sécurité d’état…, à la seconde où les images de son corps abîmé ont été diffusées sur les réseaux sociaux, une vague de révolte sans précédent à envahit les rues de Téhéran, avec comme slogan Femme Vie Liberté, les femmes iraniennes sont descendues main dans la main dans les lieux stratégiques du pays, sans voiles, elles ont fait preuve d’un courage incroyable.
Deux ans après le grand cinéaste iranien Mohammed Rasoulof lui dédie son nouveau film. Les Graines du figuier sauvage vu de l’extérieur ressemble à une mission d’infiltration périlleuse, la où peu de gens peuvent s’y rendre, tellement la justesse des plans correspondent à la réalité. La finesse de l’ecriture qui à aucun moment ne provoque le sentiment de haine chez le spectateur, mais plutôt la stupéfaction de la vérité d’une souffrance qui dure depuis bien trop longtemps dans un huis clos où peu d’informations s’y échappent sans être contrôlé.
Une famille lambda iranienne deviennent sous nos yeux les visages de la révolte, la nouvelle génération tentent d’ouvrir la voie vers la lumière de la liberté qui manque tant au peuple iranien. Le père représente la justice corrompue, la mère celle qui est prête à tout pour conserver sa classe sociale, mais contre la puissance des contestations, peu à peu ils perdent le contrôle et doivent faire un choix.
Les métaphores utilisées par le cinéaste sont d’une intelligence folle, la montée en puissance titanesque qui capte l’attention n’est qu’une démonstration monstrueuse du génie de son réalisateur qui une fois de plus affirme la supériorité de son talent et surtout son amour et son attachement à sa terre natale L’IRAN.
Les images d’archives apportent authenticités et témoignages concernant l’une des pages noires du régime iranien. Un chef-d’œuvre d’une rare beauté, comme un dernier adieu à la vie sous la censure permanente, des milliers de vies humaines fauchées pour avoir réclamées la liberté et la laïcité légitime sont grâce à Mohammed Rasoulof dans nos cœurs et esprits pour toujours, car oui, Les Graines du figuier sauvage est une œuvre qui marque et pousse à la réflexion sur la jeunesse iranienne prête à tout pour vivre le rêve d’une vie meilleure.
Mohammed Rasoulof honore la mémoire de Jina Mahsa Amini, ainsi que toutes les femmes iraniennes victimes de la barbarie d’un régime fou, sans jamais oublier les courageux iraniens qui n’ont pas hésité à défendre les cris de libertés des femmes.
Un chef-d’œuvre à la hauteur de la culture Perse, qui au-delà des répressions brille par sa beauté et sa grandeur culturelle, voir Les Graines du figuier sauvage signifie être du bon côté de l’histoire.
À Jina Mahsa Amini
Informations Pratiques
Titre : Les Graines du figuier sauvage
De : Mohammed Rasoulof
Avec : Misagh Zare, Soheila Golestani , Mahsa Rostami
Durée :2h46
Genre : Drame
Distributeur : Pyramide Distribution
Date de sortie au cinéma : 18 Septembre 2024
Mitra Etemad