Si vous aimez déambuler au musée d’Orsay, une sculpture a sans doute capté votre attention : Les quatre parties du monde soutenant la sphère. Conçue par Jean- Baptiste Carpeaux (1827-1875), cette sculpture en plâtre s’est installée au rez-de-chaussée du musée parisien et montre les quatre parties du monde qui soutiennent le monde. On la découvre ensemble ?
Au départ, cette œuvre était une composante d’une fontaine commandé par le préfet de Paris, le baron Haussmann. La fontaine de bronze est finalisée puis modifiée pour correspondre à une image plus actuelle des continents de la planète. Aujourd’hui, vous pouvez reconnaitre l’Europe presque sur la pointe des pieds tenant la sphère du bout des doigts, l’Asie, arborant une natte, en plein effort, l’Afrique avec une chaine aux pieds portant la sphère d’une main et l’Amérique se distinguant de sa coiffe fait de plumes dans une position inconfortable. Les quatre personnages dansent autour de la terre qui semble elle-aussi se mouvoir tel un ballet.
Au 19e siècle, le monde tourne autour de quatre continents principaux, quatre nations, l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique. C’est eux qui portent le monde et le gouvernent mais il s’agit de l’Afrique esclave alors que l’abolition de l’esclavage date de 1848, des natifs américains alors que le peuple est décimé, de l’extrême orient et de l’Europe, le reste du monde étant occulté. Ces visages comme leur position sont troublants, chacun supportant la charge différemment.
Les quatre parties du monde sont héritées d’un terme utilisé au 16e siècle par Waldseemuller sur sa carte du monde Cosmographia Universalis. Ces parties sont l’Amérique (du sud), l’Asie, l’Afrique et l’Europe. La connaissance de l’immensité du monde était limitée. Cette idée est propagée et a longuement demeuré. Le 19esiècle voit se diviser les partisans des 4 parties du monde et ceux des 5, ajoutant l’Amérique du Nord. L’Australie était considérée comme faisant partie de l’Asie.
En observant les positions des figures des continents, on constate l’image du monde du 19e siècle avec ses stéréotypes et la place qu’occupe chacune de ces nations dans le monde, avec ses inégalités. Est-ce toujours le cas ?
Vous pouvez observer en détail l’œuvre sur le site du musée d’Orsay.
Sophie TAGEL