Dans les années 50, à Brézeville, en Normandie, Thérèse Sommer est bien connue. Bien connue des hommes surtout, qui défilent chez elle, pour un dépucelage ou un adultère. Serge, son mari, restait silencieux. Jusqu’à ce jour de 1951, où Thérèse tomba enceinte… Tomber, comme quand le malheur vous tombe dessus. Ou comme quand cette enfant indésirée est expulsée sur le carrelage de la cuisine, quelques mois plus tard.
Thérèse n’aimera jamais sa fille Françoise, qu’elle voyait comme une future rivale. Comment la gamine grandira-t-elle dans cette ambiance sulfureuse ?
Voilà le début de l’histoire. On suivra ensuite pendant une trentaine d’années le destin de Françoise, Thérèse, leur famille, leurs voisins.
Vincent Delareux a un certain art de la narration. On tourne avidement les pages du roman pour poursuivre les aventures des personnages. On est dans le fait divers, glauque et rural, comme dans les romans ou nouvelles de Flaubert et Maupassant. Le lecteur retrouvera les petites gens, avec leurs petites ambitions, leurs grosses mesquineries, tout cela mâtiné de crises de foi. Mais le style est plus rapide, plus rythmé que ces deux références. Vincent Delareux est de la génération du page turner.
Amélie Nothomb a adoubé le jeune écrivain : elle a beaucoup apprécié ce roman-ci, mais aussi le premier opus Le Cas Victor Sommer. Et on comprend pourquoi : certaines phrases auraient pu être écrites par l’autrice belge.
Tout bien considéré, le bébé était fort laid. Ce jugement était sans appel et Thérèse sut que dorénavant, rien, pas même l’alcool, ne suffirait à enjoliver cette laideur si flagrante. Elle vida la bouteille de liqueur.
On ne vous a rien dit volontairement sur le titre du roman. Mais quand on habite Brézeville, on peut imaginer que les petites filles aux allumettes ne sont jamais loin.
Vincent DELAREUX, Les Pyromanes, l’Archipel, disponible ici