Une coupette de champagne pour admirer une œuvre majestueuse qui illumine The Israel Museum de Jérusalem : la destruction et le sac du temple de Jérusalem par Nicolas Poussin.
Nicolas PoussinCette œuvre de Niccolò Possino aux relents apocalyptiques marque tristement une page de l’histoire d’Israel. Resituons l’histoire.
Ce sont les heures sombres de Jérusalem. Nous sommes le 8 septembre 70 et l’armée romaine menée par Titus envahit Jérusalem et saccage la ville. Le temple de Salomon est détruit pour la seconde fois.
Pour comprendre l’impact de cet événement historique, il faut remonter aux racines des conflits en Judée.
La Jérusalem convoitée
Le roi David a une place importante dans l’histoire de la monarchie d’Israel et de Juda. Choisi par Dieu, il devient le chef du peuple juif et possède désormais l’arche d’alliance qui contient les tablettes de Moïse. Salomon, son fils, ajoute le premier temple en 970 ap JC.
La place de la religion est prépondérante. L’époque étant une ère de conquête et de guerre de religion, le roi de Babylone, Nabuchodonosor 2, s’empare de Jérusalem et détruit le temple. En 539 av JC, c’est au tour de Cyrus le grand de s’attaquer à Babylone et de restituer la ville aux juifs, qui ne tardent pas à reconstruire le temple.
Jérusalem est une nouvelle fois convoitée mais récupérée par Judas Maccabee en 164 av JC, la Judée devient sous « tutelle » de Rome par Herode en 40 v JC. La présence de Rome durera jusqu’en 614 ap JC.
Les juifs pourtant se rebellent: c’est la révolte de Bar Kokhba qui aboutit à l’intervention romaine en 63 av JC puis au saccage de la ville en 70 ap JC par Titus, Jérusalem, cité auparavant imprenable, brûle face à une guerre de religion, politique et financière. En effet, les richesses et les objets de culte dont la menorah sont saisis.
L’œuvre de Nicolas Poussin, reflet d’une tragédie continuelle
Niccolò Possino (1594/1665) a croqué un épisode douloureux et marquant de l’histoire israélienne. Les couleurs sombres mettent en relief le drame vécu. En plus vol des objets symboliques de l’identité juive, le tableau révèle la lutte inégale et le massacre perpétré durant ces longs mois.
C’est une œuvre forte et touchante. La bataille sous nos yeux semble perdue d’avance. Elle montre un peuple constamment attaqué pour ce qu’elle possède matériellement et symboliquement. Voici un peuple qui a dû voir son visage changer par l’invasion ennemie mais qui a su se relever.
La menorah, le chandelier à sept branches, que l’on voit nettement est liée à la Bible : sept branches pour le nombre de jours de la création biblique, un candélabre ( une lampe à huile) pour la lumière et un sanctuaire transportable. La menorah est sacrée et le voler retire une partie de l’âme du peuple.
La note bleu se démarque sur la cape de deux hommes. La couleur lumineuse, chaude et forte représente l’aura royale. A l’opposé le rouge orangé signe de violence côtoie un amas uniforme de couleur kaki/beige comme pour indiquer une mêlée chaotique.
Le tableau de Nicolas Poussin fait son devoir de mémoire magnifiquement bien.
Sophie TAGEL