Quelque part perdue dans le désert iranien, une usine de briques est obligée de fermer face aux contraintes économiques. Les employés accusent très diversement le coup. Le superviseur Lotfollah est né sur place et n’a jamais quitté l’enceinte de l’usine. Il va jouer les intermédiaires entre le patron et les ouvriers et tenter d’accompgner les différents membres de la communauté. Notamment la belle Sarvar qu’il aime en secret.
Le cinéaste iranien Ahmad Bahrami se confie sur la genèse de son film :
Ma première idée était de faire un film sur la vie des ouvriers. J’habitais dans un quartier où tous les matins je voyais les ouvriers journaliers attendre une place à l’affût de travail. J’avais un scénario en tête sur la vie d’un ouvrier qui ne trouve pas de travail. Un jour, j’ai lu un titre dans un journal iranien qui m’a tout suite attiré : « Les ouvriers des fours à briques ne vieillissent jamais». C’etait un article très complet sur les problèmes de ces ouvriers qui sont saisonniers et qui peuvent jamais avoir leur retraite complète car en tant qu’ouvriers saisonniers, ils doivent travailler au moins 70 ans pour avoir une retraite.
J’ai fait beaucoup de recherches, j’ai lu tout ce qui existait dans les bibliothèques sur le sujet. Et je suis allé sur le terrain.
The Wasteland… un chef-d’œuvre du cinéma iranien une fois de plus, avec une très grosse inspiration des techniques de Abbas Kiarostami, des plans séquences grandioses pour une immersion totale dans la noirceur brûlante des fours, qui sont l’unique éléments vivants d’un lieu figé dans le temps.
Le cinéaste film des vies nomades qui traverse le pays avec leurs baluchons sur le dos, avec toujours l’amertume de la rivalité qui les éloignent de plus en plus, des homes et femmes qui sous un soleil de plomb font tourner l’usine, ses personnages qui n’y croit plus à l’avenir, métaphore magnifiquement filmée par la présence d’un drap blanc qui les couvrent après chaque repas, entre la vie et la mort, une résurrection qui se répète avec toujours la même réalité monotone et sombre.
«Les flashs black régulier apporte profondeur et réalisme à une lutte qui refuse de perdre, à l’image de ce peuple qui n’a jamais cessé de se battre»
L’ethnie Kurde, est mise à l’ecrat par les autres travailleurs, très beau geste de résistance du cinéaste face au régime sanguinaire d’iran qui sans cesse massacre la population kurde, avec beaucoup de subtilité les revendications politiques se remarquent malgré la censure imposée, de même pour la statut de la femme qui selon les lois ne bénéficie pas des mêmes droits que les hommes.
Le mariage provisoire qui donne la possibilité aux hommes mariés d’avoir des rapports sexuelles avec d’autres femmes que l’épouse légitime sans son consentement est également abordé, dans cet mélange de d’espoirs perdus et agonie lente, une histoire d’amour tente de survivre péniblement, elle se heurte à des obstacles infranchissables comme la pauvreté et le perspective d’un avenir inexistant.
The Wasteland tourné en noir et blanc, le cadre 4/3, avec beaucoup de travelling et très peu de dialogues, ni musique, témoignent de l’admiration du cinéaste pour le cinéma du réalisateur hongrois Béla Tar, le maître de la répétition, dans la forme et le contenu, pour donner une image, on peut dire un cercle. Chaque dialogue, chaque mise en scène reviennent à son point de départ. A chaque séquence, la caméra part de l’endroit, des objets, de l’envirronnement et arrive sur les personnages et leur dialogue puis repart sur l’atmosphère.
La dernière partie du film où les ouvriers s’éloignent à pieds, en passant devant l’immense cheminée noire, nous plonge dans une ambiance très glauque, un clin d’œil à une page noire de l’humanité ou l’horreur et barbarie régnaient en maître, se terminant sur un geste désespéré de Lotfollah qui sachez le risque de vous marquer à vie.
Un chef-d’œuvre et au-delà du cinéma iranien
Informations Pratiques :
Titre : The Wasteland
De : Ahmad Bahrami
Avec : Ali Bagheri, Farrokh Nemati, Mahdieh Nassaj
Genre : Drame
Durée : 102 minutes
Distributeur : Bodega Films
Mitra Etemad